Cilaos : après les 400 virages, le bonheur !


Rédigé le Mardi 16 Mars 2021 à 12:56 | Lu 769 fois modifié le Mercredi 5 Juillet 2023

Cilaos, situé au parfait centre de l’île, dans le cirque naturel du même nom, accueille chaque année plus de 450 000 touristes. Il faut dire que le village et ses ilets (Palmiste Rouge, Ilet à Cordes, Bras-Sec...) proposent un véritable dépaysement. L’histoire, le terroir, le patrimoine, les paysages, le climat... font du cirque la troisième destination touristique de La Réunion.



Le Piton des Neiges surplombe majestueusement le village

La population de 5 456 habitants la semaine, double donc chaque week-end pour des raisons qui évoluent au fil des saisons. Cilaos est par exemple célèbre pour ses thermes aux nombreux bienfaits,  sa gastronomie et l’incontournable fête de la lentille en octobre, ses vignobles et ses vendanges au mois de février, le passage du Grand Raid depuis plus de 30 ans... C’est aussi  le point de départ de différentes randonnées comme celle du plus haut  sommet de l’île, le Piton des Neiges qui surplombe majestueusement le village, pour les marcheurs les plus motivés. Pour les autres, une balade  jusqu’à la célèbre roche merveilleuse est déjà une activité agréable  ou encore un tour en petit bateau sur la Mare à Joncs. Et si vous n’êtes pas du genre à flâner dans la rue  principale ou à vous reposer dans  l’un des nombreux logements proposés dans le cirque, vous avez aussi  la possibilité de faire du canyoning, du VTT, de l’accrobranche... Enfin, si vous souhaitez en connaître un peu plus sur les « jours de Cilaos », leur technique et leur histoire, prévoyez  la visite de la maison de la broderie... Il faut reconnaître qu’un séjour à Cilaos permet de satisfaire de nombreux publics de touristes.

Cilaos, petite ville de demain

Julien Bourbon - CCI Réunion - Office Tourisme Sud
Cilaos fait partie des 11 communes  de La Réunion retenues par le ministère de la Cohésion des Territoires pour le projet Petites Villes de  Demain, un formidable accélérateur des transitions territoriales, en  termes d’écologie surtout. Il faut dire que ces « Petites villes » disposent de nombreux atouts, notamment la  qualité de vie, la souplesse d’organisation, la capacité à fédérer les  acteurs locaux ou encore la proximité avec la nature. Parmi les principaux projets de Cilaos, on compte  la création d’un pôle d’échange multimodal, une gare routière qui  offrira toute une gamme de service aux usagers (location de vélos  électrique, de véhicules électriques, pôle d'information touristique...)  mais également celle d’une mai- son de veillée funéraire, d’un pôle  aquatique autour de l’actuelle piscine qui sera couverte, ainsi que la  création de la maison de la biodiversité, d’une nouvelle déchetterie,  d’un village intergénérationnel, de nouveaux espaces de stationnement et de parkings relais... L’opération «Petite Ville de Demain» s’articule  également autour du Projet Alimentaire Territorial qui vise à installer de  nouveaux agriculteurs, d’initier de nouvelles pratiques culturales plus  soucieuses de l’environnement et  de la protection des sols, avec l’installation d’une ferme pilote dans le  but d’alimenter les cantines scolaires du village, et dans un second temps les structures d’hébergement et de  restauration, sans compter la création d’une Maison du Terroir... En- fin, dans le cadre de «Petite Ville de  Demain», Cilaos entend développer  son autonomie énergétique en s’intéressant aux énergies vertes et aux  énergies renouvelables. La première étape sera l’équipement, dès cette année, des différents services de la mairie, en véhicules électriques...

La CCI Réunion à Cilaos avec "CCI PROXI"

Le Président Ibrahim Patel et les élus de la CCI Réunion ont eu le plaisir d’être reçus par Monsieur le Maire de Cilaos, Jacques Techer. A cette  occasion et afin de pouvoir apporter toutes informations, conseils et  aides au montage de dossiers pour les entreprises de Cilaos, les services de la CCI Réunion ont accueilli les entreprises dans le camion « CCI Proxi », situé à proximité de l’hôtel de ville et de l’église. Cette visite a eu aussi pour objectif la signature  de la 1ère convention de partenariat entre la Commune de Cilaos  et la CCIR dans le cadre du pro- gramme « Petite ville de demain ».  Profitant de la visite de proximité à Cilaos, le Président Ibrahim Patel  accompagné d’élus et d’administratifs de la CCI Réunion, a participé à  une réunion de travail avec l’association des commerçants de Cilaos. A l’ordre du jour, l’indemnisation  des commerçants victimes des dommages et pertes de chiffre d’affaires  durant les travaux du centre-ville, en présence de Didier Robert, Président du Conseil Régional.

​L'or de Cilaos

La lentille fait partie du patrimoine de Cilaos. Selon Jannick Gonthier,  technicien de l’Association des Producteurs de Lentilles de Cilaos, créée  en 1993, les premières traces de  culture de lentille dans le cirque re- montent aux années 1830. Le climat  que l’on retrouve sur ces hauts plateaux permet de cultiver une lentille  réputée pour être une des meilleures du monde et vendue entre 16 et 18  euros le kilo. Une centaine d’hec- tares est consacrée à sa production dans le cirque pour environ 80  tonnes réalisées en 2020. Chaque année, la Fête de la Lentille permet  d’écouler 30 à 40% de la produc- tion annuelle en une semaine. L’Association qui compte aujourd’hui  une centaine d’adhérents est née pour développer et professionnaliser la filière. Plusieurs actions ont été  mises en place afin d’inscrire la lentille de Cilaos dans une démarche  de qualité respectueuse de l’environnement. Pour bien connaître le  produit, en 2006, ce regroupement de producteurs de lentilles a déjà  permis la caractérisation de la lentille de Cilaos. En 2014, Lentilles de Cilaos est devenue une marque déposée. L’Indication géographique protégée (IGP), label européen pour les produits alimentaires de terroir, est actuellement en cours de demande. Une nouvelle marque de reconnaissance pour l’APLC dont l’un des objectifs principaux est de protéger le produit de luxe qu’est la lentille de Cilaos.

Neufs nouveaux circuits de VTT

Suite à une étude de revalorisation  de l’ancien réseau VTT de Cilaos accompagnée d’une forte demande des  acteurs locaux, l’Office National des  Forêts inaugurera de nouveaux circuits de VTT en 2021. Les travaux ont  débuté en octobre 2020 par du remodelage de sol, la sécurisation des  usagers en forêt, le balisage des cir- cuits et de l’élagage. La réalisation de  l’ensemble de cet aménagement permet ainsi de créer une réelle station  VTT ouverte à tout niveau et type de pratique (famille, débutant, confirmé, crosseur et descendeur), comprenant 9 circuits de 4 difficultés différentes. En tout ce sont 53 km de circuits qui seront prochainement réalisables en  VTT comme en VTTAE (Vélo Tout Terrain à Assistance Electrique). On peut  par exemple citer « la merveilleuse » (circuit agréable se réalisant dans une ambiance forestière, au milieu des  Cryptomerias le long de la Route Forestière de la Roche Merveilleuse), « le  grand Matarum » (descente au départ de la Roche Merveilleuse qui permet de relier avec sensation le Plateau des Chênes), «le petit Matarum » (circuit familial en lisière de forêt au milieu des repousses de Tamarins) ou encore  « le grand Kerveguen » (circuit diversifié parfois technique adapté aux crosseurs, avec des passages dans la forêt  sombre de Cryptomérias)...

Les beaux "jours de Cilaos"

Cilaos est également réputé pour sa broderie. L’art de la broderie et des « jours de Cilaos » a été introduit dans le cirque à la fin du 19ème siècle par  Angèle Mac-Auliffe, fille du médecin- résident aux thermes de Cilaos. A sa  mort, en 1908, ce sont les religieuses du couvent de Cilaos, les sœurs de  Cluny qui perpétuent ce qui est devenu au fil du temps une véritable  tradition indissociable de l’image de Cilaos. Les « jours de Cilaos » doivent beaucoup à Sœur Anasthasie, qui durant 46 ans, a dirigé l’ouvroir de Cilaos et initié plus de 200 jeunes filles. Certaines brodeuses de Cilaos ont même reçu le titre de Meilleure Ouvrière de France dont Jessie Clain  et Colette Turpin, en activité au premier étage de la Maison de la Broderie. Ce musée dont la responsable est Myrella Baret reçoit les visiteurs du lundi au vendredi midi. Pour deux euros, les touristes en apprennent un peu plus sur cet art et son histoire en parcourant la salle d’exposition du rez-de-chaussée avant de monter découvrir les brodeuses à l’ouvrage dans leur atelier. Toutes passionnées depuis l’enfance, elles se font un plaisir d’expliquer leur travail. Elles expliquent par exemple que les « jours de Cilaos » sont avant tout œuvre de patience. En effet, il ne faut pas moins d’un an pour réaliser une nappe, près de 4 mois pour une robe de baptême. A noter qu’à côté de la broderie blanche des débuts,  s’est désormais développée la broderie en couleur, à découvrir à la  Maison de la Broderie.

Fabrice Hoareau et les projets de son domaine du petit vignoble

« J’ai tout appris en Alsace où j’ai passé dix ans. J’y ai notamment participé à la fabrication de deux vins médaillés d’or, un Riesling et un Gewurztraminer et je suis revenu avec le titre de Meilleur tailleur de vigne d’Alsace mais surtout avec un savoir-faire non négligeable.  Il y a quinze ans, j’ai décidé de revenir sur mes terres et je travaille depuis, pour faire reconnaître le vin de Cilaos à l’échelle mondiale, car notre terroir est exceptionnel. Certes je cultive l’Isabelle, cépage dominant ici, mais mon  objectif est aussi de proposer un vin de qualité, un blanc et un rouge de table, différent du vin de Cilaos traditionnel que l’on boit plutôt à l’apéritif. Et puis nous avons de la demande de la part des grands restaurants qui sont à la recherche de vins secs très fruités que l’on puisse manger avec du poisson  par exemple. Ainsi depuis quelques années, je travaille avec l’Institut Français  de la Vigne et du Vin pour trouver un cépage qui corresponde parfaitement à Cilaos. Nous sommes actuellement  en phase d’expérimentation à Bras Sec et Palmiste Rouge toujours dans le respect de l’environnement car une culture naturelle, c’est primordial pour moi. Nous utilisons trois méthodes différentes : le greffage sur vieilles  souches, des plans greffés de métropole et des boutures. Nous réalisons  cette année nos premières vendanges. Nous allons tester ces grappes pour espérer produire d’ici 2-3 ans 15 000  bouteilles d’un vin de qualité qui ajouterait à la réputation de notre village».

Article : Laetitia Parsi