Elyas Akhoun : un parcours passionné au service du journalisme et des Outre-Mer.


Rédigé le Lundi 10 Février 2025 à 07:19 | Lu 31 fois modifié le Lundi 10 Février 2025

«Derrière chaque documentaire, il y a une âme, un véritable travail d’enquête et de narration»



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ARCHIPELS : UNE ÉMISSION INCONTOURNABLE DE RÉUNION LA 1ÈRE 
Depuis plus de 18 ans, Archipels s’est imposée comme une émission phare de Réunion la 1ère, qui met en lumière les récits et réalités des départements et territoires d’Outre-Mer à travers des documentaires. Avec des thématiques variées, l’émission explore des histoires humaines qui révèlent la richesse culturelle de ces régions souvent méconnues. Chaque mercredi soir à partir de 19h55, après le journal télévisé, Archipels invite les téléspectateurs et les internautes à voyager, découvrir et réfléchir. C’est un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les sociétés ultra-marines et les enjeux qui les concernent. 

PARLEZ-NOUS DE VOS DÉBUTS DANS LE JOURNALISME. 
Mon père m’a transmis le goût de lire et d’écrire. Dès l’âge de 12 ou 13 ans, je lisais Le Monde, ce qui m’a ouvert l’esprit et donné envie de devenir journaliste. Je voulais être un témoin des évolutions du monde et relayer ces changements.  

J’ai commencé à RFO Réunion en 1994, en tant que journaliste radio. Je faisais ce qu’on appelle “la conduite radio”, un exercice à la fois exigeant et formateur. On avait une grosse séquence l’après-midi pour préparer les journaux Radio du lendemain. C’était un travail qui nous apprenait à organiser les conducteurs des journaux du matin, à écrire des lancements et à monter des reportages. Pour moi, la conduite radio, c’est vraiment l’école de l’humilité.

Mais ma toute première expérience dans ce milieu, c’était l’animation d’«Embrayages», une émission mensuelle diffusée sur RFO Réunion et initiée par le CEDAACE (Centre Départemental Artistique pour l’Animation et la Culture des Enfants). Les anciens s’en souviennent certainement. Ça a été une émission pionnière pour les jeunes, qui a lancé plusieurs journalistes et animateurs, animatrices comme Alexandra Pech, Marie-Ange Frassati, Stéphane Jobert, ou encore Jacky Grondin. Nous étions collégiens, lycéens ou étudiants, et cette expérience nous a permis d’apprendre à nous exprimer devant une caméra. C’est à ce moment-là que j’ai eu un véritable déclic pour le métier. 

VOTRE PARCOURS SEMBLE TRÈS DIVERSIFIÉ. COMMENT AVEZ-VOUS ÉTÉ FORMÉ ? 
Je me suis formé sur le tas après des études en géographie. À l’époque, je voulais devenir journaliste en presse écrite, mais la vie et de belles rencontres m’ont orienté vers la radio et la télévision. Aujourd’hui, les choses sont différentes : il faut passer par une école de journalisme. Le métier exige une grande culture générale et une polyvalence qui permet de travailler aussi bien pour la télé, la radio, la presse écrite et même pour internet et les réseaux sociaux. J’ai eu la chance d’être bien formé par des mentors comme Gora Patel, Jean-Michel Fontaine et Stéphane Bijoux. Ces figures emblématiques m’ont transmis des valeurs fortes et un savoir-faire précieux. En 2005, j’ai voulu donner un tournant à ma carrière et je suis parti dans l’hexagone, sur France Ô. Là-bas, j’ai fait des rencontres enrichissantes, notamment avec Luc de Saint-Sernin, qui m’a offert l’opportunité de présenter la première case documentaire Outremer, l’émission Archipels

JUSTEMENT, ARCHIPELS EST UNE ÉMISSION EMBLÉMATIQUE. QUE REPRÉSENTE-T-ELLE POUR VOUS ? 
Archipels est une émission exceptionnelle par sa longévité. Depuis 18 ans, elle met en lumière les richesses culturelles et sociétales des territoires d’Outre-Mer à travers des documentaires de 52 minutes, ce que j’appelle des petites et des grandes histoires. J’ai eu la chance de voyager dans tous les territoires d’Outre-Mer — sauf à Saint-Pierre-et-Miquelon — et de découvrir leur richesse unique. Après une décennie de missions et de belles rencontres avec Archipels j’ai fait mienne la réflexion de Marcel PROUST : « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux »... 

La force de Archipels réside dans sa ligne éditoriale cohérente, qui donne la parole à toutes et à tous. Par exemple, le numéro sur le « Chaudron magique » démontre qu’il ne s’agit pas seulement d’un quartier marqué par les émeutes. Ce sont des hommes et des femmes qui font vivre ce quartier, racontent leur culture, leur passion et leur quotidien. Derrière chaque documentaire, il y a une âme, un véritable travail d’enquête et de narration qui permet de révéler une autre facette des société réunionnaises, de l’océan Indien et ultra-marines.  

COMMENT SE PRÉPARE UN DOCUMENTAIRE POUR ARCHIPELS ? 
Le processus de création est exigeant. Tout commence par un comité éditorial qui se réunit 3 fois par an et choisit les sujets parmi une trentaine de propositions faites par des réalisateurs, documentaristes ou journalistes. Une fois validé, le projet (en majorité des co-productions avec des sociétés locales) peut mettre un à deux ans avant d’être diffusé sur Réunion La 1ère. Il y a le temps du repérage, du tournage, des compléments de tournage, le montage puis la validation finale par le comité éditorial présidé par la directrice régionale Valérie Filain. Nous nous attachons à produire des histoires humaines qui racontent à leur manière nos sociétés ultra-marines. Chaque étape est cruciale pour garantir la qualité et l’authenticité du récit. Avec Archipels, nous contribuons aussi à dynamiser les sociétés audiovisuelles et de productions de l’océan Indien, un secteur économique qui reste malgré tous nos efforts encore fragile.    

VOUS AVEZ AUSSI JOUÉ UN RÔLE IMPORTANT DANS LE NUMÉRIQUE. POUVEZ-VOUS NOUS EN PARLER ? 
Quand je suis revenu à La Réunion en 2016, Gora Patel qui était alors directeur régional m’a chargé de restructurer et relancer la partie Info du site internet de Réunion la 1ère en tant que rédacteur en chef adjoint de la cellule numérique. J’ai ensuite été nommé rédacteur en chef des services numériques, radio et télé. Aujourd’hui, je suis délégué numérique. Mon rôle est d’apporter une stratégie cohérente pour développer l’écosystème digital et accroître notre audience sur toutes les plateformes.
Par exemple, la page Facebook de Réunion la 1ère est l’une des plus fréquentées du territoire avec plus de 800 000 abonnés. Nous sommes également très actifs sur Instagram et figurons dans le Top 3 des comptes locaux, tout comme notre site internet Réunion La 1ère qui réalise de belles audiences et est devenu en quelques années un média de référence.  Tout cela demande une vraie stratégie, car les enjeux du numérique sont importants. Nous devons constamment nous adapter aux nouvelles tendances et offrir un contenu à la fois attractif et pertinent pour nos publics. 

QUELLES SONT VOS INSPIRATIONS ET PERSPECTIVES POUR LA SUITE ? 
Sur le numérique, nous allons axer nos efforts sur notre chaîne YouTube et développer des contenus originaux sur les réseaux sociaux comme “Samèm La Rényon”, “Oté Gran Mèr”, “Lo Ti Robert” (le premier podcast sur les néologismes réunionnais). Nous souhaitons aussi développer notre offre de podcasts car il y a une vraie demande et l’écoute radio a augmenté de façon importante sur notre site internet et notre application La 1ère.  
Concernant Archipels, nous souhaitons faire évoluer le concept en tournant davantage d’émissions à l’extérieur, que ce soit à La Réunion ou ailleurs, pour aller à la rencontre des populations et susciter des réactions sur les thèmes proposés. Cela me fait plaisir qu’on m’appelle « Monsieur Archipels », car c’est une marque que je veux perpétuer. Archipels est diffusé le mercredi soir après le journal télévisé, avec une rediffusion le samedi. Je tiens à remercier toutes les équipes de Réunion la 1ère, administratifs, techniciens, animateurs(trices) et journalistes pour leur travail de qualité. Ensemble, nous faisons vivre ce projet partout, pour tous et tout le temps. Nou Tienbo, Nou Larg Pa !