Si, dans le monde enchanté d’Insta- Glam, les mères parfaites exhibent fièrement leur maîtrise exceptionnelle de la maternité, dans la vraie vie, la chanson est légèrement différente. Hors appareil photo, il y a surtout des cohortes de mamans normales qui passent leur temps à jongler tant bien que mal avec leurs différentes obligations, leurs envies personnelles et leurs désirs de faire juste avec leur marmaille. De ce fait, elles oscillent en permanence entre des flambées de ras-le-bol face aux injonctions sociales à réussir ses enfants, qui les incitent à l’inatteignable perfection, et des bouffées de culpabilité en repensant à leurs ratages, leurs dérapages ou à leurs incohérences.
POURQUOI SE SENT-ON NULLE ?
Pour le philosophe Fabrice Midal, le complexe des mères imparfaites est étroitement lié à une « tyrannie de l’exigence » dans laquelle nous baignons: « Partout on doit faire mieux et plus. Comme si le mantra de notre société était « Ça ne sera jamais assez ! » notait-il récemment. Pour sa part, l’experte en thérapie familiale et pratique systémique Annick Pochet y voit aussi une question de culture patriarcale.
Elle précise : « Dans notre éducation judéo-chrétienne, on part du principe pervers que toutes les femmes sont naturellement dotées d’instinct maternel
et que cette espèce d’ultraperception – qui serait une sorte de mode d’emploi automatique – leur permet- trait de savoir spontanément, et en tout temps, de quoi leurs enfants ont besoin et comment s’y prendre avec eux. Or, ce n’est pas le cas du tout. La relation entre l’enfant à naître et sa mère se construit au travers du lien d’attachement. Même si on peut désormais choisir quand et comment, devenir parent n’a rien d’inné ni de génétique. Ce serait tellement plus simple... »
La thérapeute ajoute : « Evidemment, ce mythe de la mère parfaite a la peau dure, largement entretenu qu’il est par des guides, des manuels, des sites internet ou encore des films et des séries TV. Il n’est donc pas simple d’admettre, ni d’avouer, qu’on ne colle pas à ce que la société en général, et la famille en particulier, attendent de vous. Ce d’autant que cette forme de double pression est parfois exercée de manière assez sympa. Ne serait-ce que par votre propre mère qui vous martèle dès l’arrivée de vos règles, voire même avant : Je sais que tu vas être une supermaman, je te fais confiance ! Cette injonction conditionne la future maman à un devoir de perfection. Mais qui dit mère par- faite induit automatiquement enfant parfait et... qu’est-ce qu’un enfant parfait, alors ? »
UN VENT DE RÉBELLION
Depuis quelques années, un vent rafraîchissant de « nullité assumée »
semble joyeusement souffler. Lasses de subir ces stéréotypes, de nombreuses femmes ont décidé de ra- conter leur réalité, de montrer qu’au- delà des idéaux instagrammés ou fantasmés pendant la grossesse, la vie d’une maman n’est pas toujours rose layette.
EN FINIR AVEC L’AUTO-FLAGELLATION « Une maman débordée et qui ne se sent pas à la hauteur ne s’écoute plus, ne s’accorde plus de temps, ne prend plus soin d’elle et de ses émotions. Or, c’est justement le contraire qu’elle devrait faire. Pour elle, bien entendu, mais aussi pour son enfant. En s’occupant d’elle- même et en se faisant du bien, elle lui permet de comprendre le processus grâce auquel il pourra lui aussi apprendre à s’occuper de lui et devenir autonome. » Beaucoup de parents font rimer « aimant » et « étouffant », il est important que les mères comprennent enfin « qu’elles ont le droit de penser à elles, d’être fragiles, imparfaites et pas forcément disponibles. » « En montrant à son enfant que l’on n’est pas à sa dis- position, on va l’aider à renoncer à son sentiment de toute-puissance et du même coup lui permettre de se débrouiller seul, sans aide, lui donnant ainsi confiance en ses capacités propres ! »
En gros, on ne naît pas mère, on le devient.
POURQUOI SE SENT-ON NULLE ?
Pour le philosophe Fabrice Midal, le complexe des mères imparfaites est étroitement lié à une « tyrannie de l’exigence » dans laquelle nous baignons: « Partout on doit faire mieux et plus. Comme si le mantra de notre société était « Ça ne sera jamais assez ! » notait-il récemment. Pour sa part, l’experte en thérapie familiale et pratique systémique Annick Pochet y voit aussi une question de culture patriarcale.
Elle précise : « Dans notre éducation judéo-chrétienne, on part du principe pervers que toutes les femmes sont naturellement dotées d’instinct maternel
et que cette espèce d’ultraperception – qui serait une sorte de mode d’emploi automatique – leur permet- trait de savoir spontanément, et en tout temps, de quoi leurs enfants ont besoin et comment s’y prendre avec eux. Or, ce n’est pas le cas du tout. La relation entre l’enfant à naître et sa mère se construit au travers du lien d’attachement. Même si on peut désormais choisir quand et comment, devenir parent n’a rien d’inné ni de génétique. Ce serait tellement plus simple... »
La thérapeute ajoute : « Evidemment, ce mythe de la mère parfaite a la peau dure, largement entretenu qu’il est par des guides, des manuels, des sites internet ou encore des films et des séries TV. Il n’est donc pas simple d’admettre, ni d’avouer, qu’on ne colle pas à ce que la société en général, et la famille en particulier, attendent de vous. Ce d’autant que cette forme de double pression est parfois exercée de manière assez sympa. Ne serait-ce que par votre propre mère qui vous martèle dès l’arrivée de vos règles, voire même avant : Je sais que tu vas être une supermaman, je te fais confiance ! Cette injonction conditionne la future maman à un devoir de perfection. Mais qui dit mère par- faite induit automatiquement enfant parfait et... qu’est-ce qu’un enfant parfait, alors ? »
UN VENT DE RÉBELLION
Depuis quelques années, un vent rafraîchissant de « nullité assumée »
semble joyeusement souffler. Lasses de subir ces stéréotypes, de nombreuses femmes ont décidé de ra- conter leur réalité, de montrer qu’au- delà des idéaux instagrammés ou fantasmés pendant la grossesse, la vie d’une maman n’est pas toujours rose layette.
EN FINIR AVEC L’AUTO-FLAGELLATION « Une maman débordée et qui ne se sent pas à la hauteur ne s’écoute plus, ne s’accorde plus de temps, ne prend plus soin d’elle et de ses émotions. Or, c’est justement le contraire qu’elle devrait faire. Pour elle, bien entendu, mais aussi pour son enfant. En s’occupant d’elle- même et en se faisant du bien, elle lui permet de comprendre le processus grâce auquel il pourra lui aussi apprendre à s’occuper de lui et devenir autonome. » Beaucoup de parents font rimer « aimant » et « étouffant », il est important que les mères comprennent enfin « qu’elles ont le droit de penser à elles, d’être fragiles, imparfaites et pas forcément disponibles. » « En montrant à son enfant que l’on n’est pas à sa dis- position, on va l’aider à renoncer à son sentiment de toute-puissance et du même coup lui permettre de se débrouiller seul, sans aide, lui donnant ainsi confiance en ses capacités propres ! »
En gros, on ne naît pas mère, on le devient.