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Interview avec Herwine Boyer, Directrice de SCOPSIR


Rédigé le Mardi 3 Décembre 2024 à 14:53 | Lu 7 fois modifié le Mardi 3 Décembre 2024

«La qualité de prise en charge, un enjeu majeur du maintien à domicile de nos aînés»






















POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER LA MISSION PRINCIPALE DE SCOPSIR ET SON RÔLE AUPRÈS DES PERSONNES VULNÉRABLES ?

Le SAD SCOPSIR est une structure médico-sociale qui intervient auprès des personnes vulnérables, notamment les personnes âgées, celles en situation de handicap, ou encore celles atteintes de pathologies chroniques. Nous accompagnons également les enfants, en offrant des services de garde, de soutien éducatif, et de soutien scolaire. Notre organisation est avant tout humaine, avec ses compétences, mais aussi ses fragilités, car l’élément central reste la personne humaine. Notre cadre de prestations veille à la protection des droits des bénéficiaires dans leur environnement social. Nous mettons un point d’honneur à respecter l’écosystème de la personne aidée tout en assurant une prise en charge de qualité.

VOUS MENTIONNEZ UN CHANGEMENT DE PARADIGME CONCERNANT LA PRISE EN CHARGE DES AÎNÉS À DOMICILE. COMMENT S’EST OPÉRÉ CE CHANGEMENT ?

Avant, la prise en charge des aînés se faisait principalement dans des établissements spécialisés, comme les EHPAD, les hôpitaux en long séjour, ou encore les maisons de retraite. Cela induisait un cloisonnement de la prise en charge. Avec la loi HPST de 2009, qui redéfinit l’organisation sanitaire et médico-sociale, et la loi ASV, un effort de décloisonnement a été initié pour faciliter le parcours de soins entre les établissements hospitaliers, les structures médico-sociales, et le domicile des patients. Ce décloisonnement rend plus fluide l’accompagnement des personnes âgées, un enjeu central pour améliorer le maintien à domicile.

EN QUOI CE DÉCLOISONNEMENT TRANSFORME-T-IL LA QUALITÉ DE LA PRISE EN CHARGE À DOMICILE ?

Ce décloisonnement a renforcé l’importance de la qualité des services des SAD (Services d’Aide à Domicile), car ils jouent désormais un rôle crucial dans le maintien à domicile des aînés. Cela implique que les SAD doivent se structurer sur le modèle médico-social, afin de centrer leur intervention sur la personne aidée, tout en respectant leurs droits fondamentaux. En ce sens, deux aspects essentiels doivent être pris en compte : l’éthique des dirigeants et l’amélioration des compétences des encadrants et intervenants à domicile.

VOUS SOULIGNEZ L’IMPORTANCE DE L’ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE DES DIRIGEANTS DANS LA QUALITÉ DES SERVICES. POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS ?

L’éthique professionnelle est indispensable dans notre secteur. Diriger une structure qui accompagne des personnes vulnérables impose de grandes responsabilités, mais aussi une culture médicosociale solide. Cela signifie que nous, en tant que dirigeants, devons adopter des valeurs fortes et les transmettre à nos équipes. Ces valeurs incluent le respect des lois, la loyauté, la transparence, l’intégrité, ainsi qu’un comportement digne de confiance. Malheureusement, nous constatons de plus en plus de concurrence agressive et déloyale dans notre secteur, ce qui nuit à notre image collective. Certains SAD ne respectent pas le cadre juridique qui protège les droits des personnes aidées. Nous devons absolument combattre cette «marchandisation des personnes âgées».

VOUS ÉVOQUEZ ÉGALEMENT L’IMPORTANCE DES COMPÉTENCES DES PROFESSIONNELS DANS LA QUALITÉ DE LA PRISE EN CHARGE. COMMENT SCOPSIR S’ASSURE-T- ELLE D’AVOIR DES ÉQUIPES COMPÉTENTES ?

La qualité de nos prestations dépend directement des compétences de nos encadrants et intervenants. Ces dernières années, nous avons vu une évolution du profil des personnes que nous accompagnons, notamment avec l’augmentation des cas de maladie d’Alzheimer, et cela demande des compétences adaptées. De plus, nous faisons face à une hausse des accompagnements de personnes avec des troubles du comportement ou du développement, ce qui complexifie encore la prise en charge. Il est donc indispensable que les intervenants à domicile soient bien formés pour comprendre ces pathologies et adapter leurs interventions en conséquence.

QUELLES SONT LES QUALITÉS HUMAINES QUE VOUS PRIVILÉGIEZ CHEZ VOS EMPLOYÉS ?

Travailler auprès des personnes vulnérables nécessite avant tout des qualités humaines irréprochables : l’empathie, l’écoute, la patience, le respect et l’humilité. Nous recrutons des personnes avec ces valeurs, mais il est vrai que certaines personnes se tournent vers ce secteur par défaut, ce qui peut engendrer des manquements dans la prise en charge. C’est pourquoi il est primordial de mieux encadrer les parcours professionnels dès la formation, afin de garantir que ceux qui choisissent ce métier le fassent par conviction et non par contrainte.

QUEL AVENIR VOYEZ-VOUS POUR LE SECTEUR DES SAD AVEC LES RÉCENTES RÉFORMES ET LES ATTENTES DU SECTEUR MÉDICO-SOCIAL ?

Le Décret de juillet 2023 va nous permettre de poursuivre le décloisonnement entre les secteurs sanitaire et médico-social, avec une meilleure coordination des interventions des différents acteurs. L’ARS (Agence Régionale de Santé) et le Conseil Départemental joueront un rôle clé dans la mise en œuvre de ces réformes sur le territoire. À SCOPSIR, nous nous préparons à intégrer le volet soin comme le prévoit le nouveau cahier des charges. Nous mettons tout en œuvre pour améliorer continuellement la qualité de nos prestations et répondre aux attentes des bénéficiaires. Je tiens d’ailleurs à remercier ces derniers, ainsi que nos partenaires, pour la confiance qu’ils nous témoignent.

UN DERNIER MOT POUR CONCLURE ?

Je veux particulièrement souligner le travail exceptionnel réalisé par l’ensemble de l’équipe de SCOPSIR. Leur engagement quotidien auprès des aînés est remarquable, et sans eux, nous ne pourrions pas relever les défis qui se présentent à nous. Merci à eux pour leur dévouement et leur professionnalisme.


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