Vous avez passé 25 ans à La Réunion, mais qu’est-ce qui vous a poussée à devenir journaliste ?
Depuis toute petite, je rêvais de devenir journaliste, particulièrement dans le domaine du sport, car c’était ma grande passion. Je voulais être proche des sportifs et de l'univers de la compétition. Après le bac, je me suis inscrite à une école de journalisme à Tours où j'ai été acceptée. J'ai fait plusieurs stages dans des radios locales
J'ai eu la chance de travailler à Radio France Provence et à Radio France Pays Basque durant l'été, dans le sud de la France. Ensuite, j’ai continué mes études, avec un Erasmus à Liverpool. Peu après, j’ai trouvé un travail à Calais, dans une petite radio musicale, où l’information était plutôt limitée, mais c’était une première expérience enrichissante.
Pourquoi La Réunion ?
Mon conjoint travaillait déjà au Quotidien de La Réunion, et lorsque j’ai vu une offre pour un poste à La Réunion la Première, il a répondu à l’annonce. Nous avons quitté Calais pour Saint-Denis. Cela fait 25 ans que nous sommes sur cette île magnifique.
Et comment avez-vous intégré la matinale ?
En 2014, je suis entrée dans la matinale pour remplacer quelqu’un. Finalement, j'ai obtenu un poste permanent. Le travail en matinale est intense, on commence très tôt, parfois à 00h30, avec une organisation qui a évolué au fil du temps grâce à la technologie.
Comment la technologie a-t-elle changé votre travail au fil des années ?
Avant, tout était fait sur papier, mais aujourd'hui, grâce aux ordinateurs et à Internet, la recherche d'informations est beaucoup plus rapide. Cependant, cette accessibilité a aussi multiplié le nombre de sources, ce qui nécessite plus de vérifications. La question des fake news est également devenue très importante. Nous devons être vigilants sur les informations qui circulent, que ce soit par e-mail, dans les communiqués, ou sur les sites d’actualités.
Le travail en solo le matin, ça se passe comment ?
C’est un vrai défi. Il faut jongler avec les alertes par e-mail et téléphone tout en vérifiant les informations. Cela demande une organisation irréprochable. Heureusement, le travail en équipe est essentiel pour s’assurer que l’information est fiable. En ce qui concerne ma place dans la matinale, moi, je me charge de présenter les journaux à différentes heures : à 5h00, 6h00, et entre 7h00 et 8h00. Chaque édition a sa particularité. C’est une belle charge de travail, mais c’est extrêmement intéressant, car ce sont les infos du matin, celles qui réveillent les gens. Ce qui est fascinant, c’est que l’info évolue heure après heure. Ce que l’on apprend à 5h00 peut déjà être différent à 6h00, et encore plus à 8h00.
Comment se déroule la préparation des journaux dans la matinale ?
La rédaction prépare les journaux la veille, avec des sujets répartis pour chaque édition. Chaque édition est unique, on ne répète pas les mêmes informations. Par exemple, à 5h00, on rappelle des événements de la veille, tandis qu’à 6h00, ce sont les infos fraîches pour les auditeurs qui partent travailler. On essaie de présenter les informations de manière différente à chaque heure, pour que chaque édition ait son propre ton et ses propres formats. Par exemple, à la radio, on peut présenter un reportage ou une interview, ou encore un "papier sec", où seul le journaliste parle. C’est une diversité de formats qui nous permet de traiter les mêmes informations sous différents angles.
Vous travaillez en équipe, mais quelles sont les dynamiques entre vous ?
Dans la matinale, chacun a sa place. Isabelle, qui fait l’animation, est très proche des auditeurs, elle gère les jeux et la météo. Philippe Dornier, lui, intervient en direct dans les journaux, ce qui enrichit notre contenu. C'est vraiment un travail collaboratif et chaque rôle a son importance.
La matinale a été filmée, comment cette évolution a-t-elle changé votre manière de travailler ?
C’est un vrai changement. En radio, on peut se permettre de plus de spontanéité, mais à la télévision, chaque geste est visible, ce qui exige plus de concentration. Cela a renforcé notre relation avec les auditeurs qui nous reconnaissent désormais à l’écran.
Quels sont les défis posés par les réseaux sociaux dans votre travail ?
Les réseaux sociaux diffusent des informations rapidement, mais pas toujours de manière fiable. Chez La Réunion la Première, nous avons l’obligation de vérifier chaque information avant de la diffuser. Les réseaux sociaux ne remplacent pas le travail de journalisme, ils servent de point de départ à une recherche plus approfondie. L’information sociale et celle des médias traditionnels doivent se compléter et non se remplacer. Cela doit toujours passer par un travail de vérification pour être certain de sa fiabilité.
Le paysage médiatique réunionnais a changé récemment, notamment avec la disparition du JIR. Quel impact cela a-t-il sur votre travail ?
J’ai connu une Réunion avec une presse locale pluraliste, et c’était stimulant. La disparition du JIR est un signe inquiétant pour la diversité de l’information. Cela représente un appauvrissement du paysage médiatique. La pluralité de la presse est fondamentale pour garantir une information diversifiée et proche de la vérité. Mais c'est étrange, notre métier. Il y a des gens qui nous adorent, parce qu'on passe à la télé, parce qu'on dit qu'on est journaliste. Il y a une sorte d’aura autour de ce métier. Mais en même temps, il y a ceux qui nous détestent, pour les mêmes raisons, qui ne nous croient pas, qui pensent que nous roulons pour untel ou untel. C’est une dichotomie assez marquée.
Mais justement, il y a des journalistes qui cherchent à faire du sensationnel plutôt que de donner une information fiable. Comment vous, à La Réunion la Première, vous abordez ces sujets ? Est-ce la rédaction qui choisit les sujets, ou vous, personnellement, comment vous faites la différence entre un sujet qui va faire le buzz et un sujet qui est vraiment informatif ?"
Avant, nous évitions les sujets sensationnalistes. Mais aujourd’hui, si un sujet fait le buzz, on essaie de comprendre pourquoi et d'aller plus loin dans l'analyse. Ce n’est pas question de faire de l’audience, mais de décrypter l’information et d’apporter un éclairage plus précis.
Votre approche journalistique a-t-elle évolué au fil des années ?
Oui, avec l’expérience, j’ai appris à capter l’attention de l’auditeur dès les premières secondes. Je m’efforce de relier l’information au quotidien des auditeurs, que ce soit en parlant des bouchons, de la vie familiale ou de l’actualité locale.
L'importance du travail d'équipe et des valeurs du journalisme
L'un des aspects essentiels de notre travail est la rigueur dans la vérification des informations. Le travail d’équipe est également primordial. Chaque membre de la matinale apporte sa touche, et c’est cette synergie qui rend l’émission agréable. Même après la matinale, on continue à suivre l’actualité, et on reste connecté pour préparer le lendemain.
Après la matinale, quel est le programme ? Vous avez des réunions ou vous suivez encore l’actualité ?"
Après la matinale, on a une conférence de rédaction qui lance la journée et nous donne un aperçu des sujets à venir. On discute des informations importantes qu’il va falloir suivre, et si quelque chose d’important arrive pendant la journée, on garde un œil dessus. En fin de journée, je regarde le journal du soir pour me préparer pour le lendemain. Je préfère rester connectée, plutôt que de me couper complètement. C’est plus facile pour moi de suivre l’actualité de loin, que de la reprendre le soir en me remettant dans le bain. C’est une méthode qui me permet de bien préparer le lendemain