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L'histoire de la justice à l'île Bourbon


Rédigé le Mardi 6 Août 2024 à 14:00 | Lu 94 fois modifié le Mercredi 31 Juillet 2024

Aujourd'hui, l'héritage de cette période coloniale continue d'influencer la perception de la justice à La Réunion.



L'histoire de la justice à l'île Bourbon : Entretien avec Olivier Chopin

Originaire de Béziers, résidant sur l'île depuis 1999 pour suivre son épouse d’origine réunionnaise, Olivier Chopin est avocat spécialiste en droit du travail, passionné par l'histoire. Il vient de publier aux Éditions L’Harmattan un ouvrage intitulé "La Justice à l’île Bourbon : l’instauration d’une justice métropolitaine, la réalité d’une justice créole et créolisée," dont la sortie officielle a eu lieu le 25 juillet. Ce livre couvre la période de 1815 à 1848 et explore l'évolution du système judiciaire de l'île Bourbon (aujourd'hui La Réunion) pendant cette période.

Lors de notre rencontre, Olivier Chopin nous a partagé son cheminement pour la rédaction de cet ouvrage, révélant une passion débordante pour ces pans d'histoire souvent méconnus. Son analyse débute en 1815, moment où l'île Bourbon redevient française après cinq années d'occupation anglaise. La Restauration monarchique met en place de nouvelles instances de gouvernance et de justice, visant à recréer une relation entre le pouvoir royal et ses colonies. Les magistrats venus de métropole se voient imposer des règles de vie strictes pour encadrer leur fonction.

Une justice métropolitaine imposée

L'une des mesures les plus frappantes de cette réorganisation est l'obligation pour les principaux postes de la justice (procureur général, président de la cour d'appel, président du tribunal) d'être occupés par des métropolitains. Cette politique crée une discrimination claire entre les créoles et les métropolitains.

En 1827, des obligations strictes en matière de vie privée sont imposées aux métropolitains, notamment l'interdiction d'épouser des personnes issues de la population locale et de devenir propriétaires fonciers. Ces restrictions visent à empêcher leur intégration dans la société créole, renforçant ainsi le contrôle métropolitain sur l'administration coloniale.

Les obstacles à l'instauration d'une justice uniforme

Olivier Chopin identifie deux principaux facteurs ayant entravé les desseins du pouvoir royal. Premièrement, la distance entre la métropole et l'île Bourbon, avec des voyages de deux à trois mois, compliquant les correspondances et les prises de décision rapides. Les postes vacants de magistrats, en cas de maladie, de congé ou de décès, sont souvent comblés par des juristes locaux ou des créoles, faute de pouvoir trouver rapidement des remplaçants remplissant les obligations évoquées plus haut.

Deuxièmement, l’abrogation des interdictions de mariages entre métropolitains et créoles conduit à une créolisation des fonctionnaires. Ces juges, que Olivier Chopin appelle les "juges créoles et créolisés," témoignent de cette évolution. Les précédentes études sur la justice coloniale se concentraient sur l'Indochine et l'Afrique, montrant souvent la justice comme un instrument de domination coloniale. Olivier Chopin démontre que la situation à l'île Bourbon était atypique.
 

La Réunion : un modèle pour les réformes judiciaires

 

Olivier Chopin fait également un parallèle entre l'application des réformes judiciaires à l'île Bourbon et celles mises en place aux Antilles peu de temps après. Contrairement à la perception commune, il démontre que La Réunion a été un leader dans ces réformes, sous la présidence de commissions par Desbassyns de Richemont. Cette observation remet en question l'idée que les Antilles étaient à l'avant-garde de toutes les réformes coloniales.

Aujourd'hui, l'héritage de cette période coloniale continue d'influencer la perception de la justice à La Réunion. Les décisions et structures mises en place à cette époque ont des répercussions durables, soulignant l'importance d'une compréhension approfondie de cette histoire pour appréhender les enjeux actuels.
 

Une contribution inédite à l'histoire de La Réunion

 

À travers son livre, Olivier Chopin espère susciter l'intérêt des juristes et historiens de La Réunion. Il offre un éclairage nouveau sur la justice et la vie à l'île Bourbon, démontrant l'importance de la justice dans la vie réunionnaise et la complexité des relations entre la métropole et la colonie. 

Ce livre ne se contente pas de relater des faits historiques, mais invite à une réflexion profonde sur l'héritage de la colonisation et l'évolution de la justice dans les sociétés post-coloniales. Olivier Chopin, avec sa double expertise d'historien et d'avocat, offre un ouvrage riche et accessible, destiné à devenir une référence pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de La Réunion et au-delà.

Le livre, disponible sur les plateformes classiques et dans les librairies de La Réunion, se veut accessible et compréhensible. L’auteur encourage vivement les lecteurs à le découvrir, espérant que son travail original et concret pourra inspirer d'autres chercheurs et passionnés d'histoire.

 


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