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L’hypnose, un outil efficace contre la douleur


Rédigé le Lundi 22 Novembre 2021 à 14:44 | Lu 221 fois modifié le Jeudi 6 Juillet 2023

Jeudi 6 Juillet 2023

Longtemps considéré comme une attraction de cabaret, cet outil est, de nos jours, médicalement reconnu. L’hypnose utilise les capacités de notre imaginaire pour soulager la douleur.



« Il faut traiter l’âme pour guérir le corps »

Beaucoup de médecins et de chercheurs sont désormais convaincus des pouvoirs de l’esprit sur le corps : le psychisme modifie la biochimie du cerveau et agit ainsi sur l’organisme. La psycho-neuro-immunologie est ainsi née de la découverte de nombreuses molécules que l’on croyait spécifiques au système immunitaire mais qui agissent en réalité également sur le système nerveux et réciproquement. Forts de la connaissance de ces interactions, les médecins s’appuient désormais sur ces facultés pour mettre toutes les chances du côté du patient en utilisant des pratiques qui, pour mystiques qu’elles paraissent, agissent pourtant de manière tout à fait rationnelle : il est prouvé que la méditation augmente le taux d’anticorps et que l’inflammation postopératoire est moindre lorsque l’on opère sous hypnose ! Hippocrate ne disait-il pas déjà : « il faut traiter l’âme pour guérir le corps » !

​COMMENT ÇA MARCHE ?

Souvent considérée, à tort, comme une prise de pouvoir, l’hypnose se définit en réalité comme un état de conscience modifié. Ainsi, nous sommes hypnotisés chaque fois que nous nous plongeons dans un livre qui nous intéresse ou que nous regardons un film qui nous captive. L’hypnose est un état naturel, fréquent chez les rêveurs et autres esprits lunaires mais totalement mis en sommeil depuis de longues années chez certains d’entre nous. Il suffit pourtant qu’un professionnel redonne le mode de fonctionnement pour que tout reparte, à condition bien sûr qu’il n’y ait aucune réticence. La technique ne fonctionne en effet que s’il existe une réelle implication du patient.

​LA RELATION PATIENTTHÉRAPEUTE

L’hypnose est un outil puissant de régulation du système de modulation endogène de la douleur. Influant sur la transmission nerveuse au travers de l’action des fibres médullaires, elle agit également sur les zones de perception par le biais des neuromédiateurs et augmente ainsi le seuil de tolérance. Grâce aux suggestions du thérapeute qui met en scène des images positives de faits réellement vécus par le malade, le patient est à la fois présent et absent. Calme, immobile et totalement déconnecté, il ne souffre plus, garde le contrôle et oublie la situation d’inconfort que provoque la douleur intense. Cet état second lui permet de déstresser et de détourner son attention de la souffrance. Lorsqu’il est sous hypnose, le cerveau n’est ni endormi ni en veille, mais au contraire dans un état d’éveil particulier qui allie à la fois attention, imaginaire, vision, détente mentale et relaxation physique. La zone du cerveau chargée de moduler son ressenti contre la douleur apprend ainsi à s’activer lorsque celle-ci s’intensifie et à mieux maîtriser les crises.

​L’HYPNOSE DANS QUELS CAS ?

L’hypnose peut soulager beaucoup de maux. On l’utilise dans les cas de douleurs chroniques telles que les céphalées, les douleurs respiratoires des enfants (traitement de l’asthme), les lombalgies, les zonas, les douleurs rhumatismales, les dépendances au tabac, à l’alcool et aux drogues… Elle constitue un complément psychologique aux traitements du cancer, souvent lourds et difficiles à supporter. L’hypnose aide alors à diminuer le choc émotionnel, à voir la maladie sous un autre angle, à croire en son potentiel de guérison et à se projeter dans le futur. Elle est aussi souvent utilisée en dernier recours, dans les soins palliatifs : les praticiens accompagnent les patients en phase terminale. L’auto-hypnose associée aux médicaments permet aux malades de communiquer avec leur entourage jusqu’aux derniers instants et de partir ainsi plus sereins. L’hypnose peut également être utilisée dans la préparation à l’accouchement et de plus en plus de femmes font appel à cette technique pour accompagner la naissance de leur enfant. Enfin, elle est employée depuis un certain temps en complément d’actes anesthésiques. Elle peut même remplacer l’anesthésie générale dans certaines explorations ou opérations (chirurgie cardio-vasculaire, ablation de la thyroïde, hernie inguinale, chirurgie plastique et abdominale, endoscopie etc.). On parle alors d’intervention sous « hypnosédation », une pratique qui combine hypnose, léger sédatif par voie intraveineuse et anesthésie de surface. Résultat : le patient est plus détendu, l’opération se passe mieux, les saignements sont moindres pendant et après l’intervention, le réveil est meilleur et les complications sont plus rares qu’avec une anesthésie traditionnelle.


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