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VOTRE PARCOURS EST EXCEPTIONNELLEMENT RICHE ET DIVERSIFIÉ. COMMENT AVEZ-VOUS SU JONGLER ENTRE LES MÉTIERS DU JOURNALISME, DE L’ENSEIGNEMENT ET DE LA GESTION MUNICIPALE, TOUT EN RESTANT FIDÈLE À VOS ASPIRATIONS PERSONNELLES ?
Je ne me suis jamais interrogée sur mes capacités à gérer les fonctions et les changements de vie. Je ne me suis jamais bridée et je me suis lancée au gré des opportunités, en faisant ce que je pouvais et même ce que je ne pouvais pas. Etre mère tout en étant pigiste, être journaliste tout en étant étudiante, être enseignante tout en étant maire-adjointe. On peut tout faire, il faut juste accepter l’imperfection. Je pense que la chance n’existe pas, seuls le travail et la persévérance sont payants. Et Il ne faut jamais oublier que le ratio est souvent décevant et encore plus quand on est une femme : pour un succès, on doit supporter vingt échecs. Accepter d’échouer pour pouvoir avancer est une réalité. J’ai eu plusieurs tranches de vie où j’ai connu un chômage cuisant, pendant 5 ans, malgré des centaines de CV envoyés, dans certains milieux où l’on considère trop facilement que la femme d’un haut-fonctionnaire n’a pas à travailler. Dans ces situations, on reste fidèle à soi-même, à la valeur travail, et on garde le cap. J’ai toujours aspiré à allier plaisir et apprentissage dans mes fonctions et ce, quels que soient l’entreprise et le contexte.
VOUS AVEZ PRIS UNE DISPONIBILITÉ DE L’ÉDUCATION NATIONALE POUR SUIVRE VOTRE CONJOINT EN POLYNÉSIE ET RELEVER UN NOUVEAU DÉFI À TNTV. QUELLES SONT VOS AMBITIONS POUR CETTE NOUVELLE AVENTURE EN TANT QUE RESPONSABLE D’ÉDITION ? PERCEVEZ-VOUS LES SPÉCIFICITÉS CULTURELLES ET MÉDIATIQUES LOCALES ?
Ce nouveau défi professionnel est une opportunité de pouvoir toucher le domaine de l’édition, central dans la fabrication des journaux, au sein de la chaîne leader de Polynésie et, qui plus est, sur un territoire spécifique. La langue tahitienne (le Réo Tahiti) est très prégnante dans la culture, le contexte politique est particulier et les traditions très marquées. Il y a par exemple la question du nucléaire qui est propre à l’histoire de la Polynésie française, que je n’avais jamais pu aborder auparavant. Il y a aussi cet éditorial à développer sur cinq archipels. Les îles ont chacune une identité propre avec des spécificités culturelles. L’information à Tahiti sera forcément différente de celle des Marquises. Ce patchwork du Fenua, est, pour un journaliste, extrêmement formateur. À TNTV, nous fabriquons des journaux 100% locaux et l’actualité nationale et internationale n’est traitée qu’à travers le prisme polynésien. Et en Polynésie française, notre bassin de référence est constitué notamment des Etats-Unis, de la Nouvelle-Zélande et de la Chine.
DE VOTRE PASSAGE À RFO RÉUNION JUSQU’À VOS EXPÉRIENCES NATIONALES CHEZ CANAL+ ET BFM TV, EN QUOI CES ÉTAPES ONT-ELLES INFLUENCÉ VOTRE VISION DU JOURNALISME ET DE SON RÔLE DANS NOS SOCIÉTÉS ACTUELLES ?
Si je fais un calcul rapide, TNTV est la 5ème chaîne où j’occupe un poste. C’est extrêmement enrichissant d’avoir pu évoluer dans des environnements diff érents : à la fois dans le public, le privé, comme pigiste, contractuelle, titulaire, devant, derrière la caméra, pour un grand groupe comme France Télévisions, pour la chaîne leader Antenne Réunion, pour le groupe Canal + mais aussi le mastodonte BFMTV. Quelle que soit la chaîne, l’objectif commun est d’informer, mais les moyens d’y arriver sont diff érents. Sur une chaîne info, l’information sera développée en fi l rouge et modifiée en temps réel. Sur une chaîne leader, le journaliste va tenter d’obtenir des exclusivités. On peut parfois parler de surinformation dans un cas et, depuis l’arrivée des réseaux sociaux, de désinformation. J’ai toujours la même vision du journalisme qu’à l’époque où j’étais étudiante à l’ESJ Paris. J’ai, en revanche, été influencée par le mode de consommation et la déclinaison de l’information au cours de mes expériences. Il y a eu un avant et un après du journalisme avec l’arrivée des réseaux sociaux. Le journaliste doit se réinventer et s’adapter en permanence. Il doit aussi plus que jamais vérifier ses sources.
EN 2020, VOUS ÊTES DEVENUE MARIE-ADJOINTE EN CHARGE DE LA COMMUNICATION DANS UNE COMMUNE DE SEINE-ET-MARNE. QUELS ENSEIGNEMENTS AVEZ-VOUS TIRÉS DE CETTE EXPÉRIENCE POLITIQUE, CELA A T'IL ENRICHI VOTRE COMPRÉHENSION DES ENJEUX LOCAUX ET HUMAINS ?
Avoir été maire-adjointe m’a positionnée sur un rôle de proximité. D’être sollicitée sur des thématiques quotidiennes donne un ancrage important dans la réalité. Avec l’équipe municipale, nous avions par exemple une astreinte pour la distribution de repas aux personnes âgées de la commune. On touche immédiatement une dimension sociale qui est elle-même reliée à d’autres thématiques : l’isolement, la vulnérabilité des personnes âgées, la question de la dépendance etc. On a un sentiment d’utilité très fort et cette mission nous force à avoir une prise de conscience maximale sur des enjeux de société. Pour le reste, la gestion de crise représente 99,9% des missions d’un cabinet. Comme directrice de cabinet spécialisée en criminologie, j’ai appris à rester à bonne distance et à appréhender les faits les plus graves avec recul. Sans ces formations, on ne peut traiter les dossiers les plus sensibles. Grâce au MBA en Management, je mets ma casquette de manager. J’ai pu encadrer des commissions d’élus et des équipes que ce soit en politique, au sein d’un cabinet ou dans une rédaction.
EN TANT QUE JOURNALISTE ET PROFESSIONNELLE DES MÉDIAS AYANT PROFONDÉMENT MARQUÉ LE PAYSAGE RÉUNIONNAIS, GARDEZ-VOUS UN ŒIL SUR L’ÉVOLUTION MÉDIATIQUE DE LA RÉUNION ?
En tant que Réunionnaise, je reste évidemment en alerte sur toute l’actualité locale. Comme de nombreux confrères et consoeurs, j’ai assisté avec grand regret à la disparition du JIR (Le Journal de l’Île). J’ai constaté les dérives des réseaux sociaux à l’échelle de La Réunion et j’ai observé le développement de la presse magazine. L’information se décline et se consomme majoritairement en version numérique ce qui a des avantages et des inconvénients. Je regrette la rareté du papier. En même temps, ces formats online permettent aussi de suivre de loin l’actualité et d’avoir accès à une information rapide, compréhensible de tous et sélective. Cela permet de garder un lien pour tous ceux qui, comme moi, sont géographiquement éloignés de leur île. Le plus grand défi d’un média insulaire est, je crois, de faire de l’information de proximité tout en étant capable de décliner localement l’information de la France hexagonale.
Je ne me suis jamais interrogée sur mes capacités à gérer les fonctions et les changements de vie. Je ne me suis jamais bridée et je me suis lancée au gré des opportunités, en faisant ce que je pouvais et même ce que je ne pouvais pas. Etre mère tout en étant pigiste, être journaliste tout en étant étudiante, être enseignante tout en étant maire-adjointe. On peut tout faire, il faut juste accepter l’imperfection. Je pense que la chance n’existe pas, seuls le travail et la persévérance sont payants. Et Il ne faut jamais oublier que le ratio est souvent décevant et encore plus quand on est une femme : pour un succès, on doit supporter vingt échecs. Accepter d’échouer pour pouvoir avancer est une réalité. J’ai eu plusieurs tranches de vie où j’ai connu un chômage cuisant, pendant 5 ans, malgré des centaines de CV envoyés, dans certains milieux où l’on considère trop facilement que la femme d’un haut-fonctionnaire n’a pas à travailler. Dans ces situations, on reste fidèle à soi-même, à la valeur travail, et on garde le cap. J’ai toujours aspiré à allier plaisir et apprentissage dans mes fonctions et ce, quels que soient l’entreprise et le contexte.
VOUS AVEZ PRIS UNE DISPONIBILITÉ DE L’ÉDUCATION NATIONALE POUR SUIVRE VOTRE CONJOINT EN POLYNÉSIE ET RELEVER UN NOUVEAU DÉFI À TNTV. QUELLES SONT VOS AMBITIONS POUR CETTE NOUVELLE AVENTURE EN TANT QUE RESPONSABLE D’ÉDITION ? PERCEVEZ-VOUS LES SPÉCIFICITÉS CULTURELLES ET MÉDIATIQUES LOCALES ?
Ce nouveau défi professionnel est une opportunité de pouvoir toucher le domaine de l’édition, central dans la fabrication des journaux, au sein de la chaîne leader de Polynésie et, qui plus est, sur un territoire spécifique. La langue tahitienne (le Réo Tahiti) est très prégnante dans la culture, le contexte politique est particulier et les traditions très marquées. Il y a par exemple la question du nucléaire qui est propre à l’histoire de la Polynésie française, que je n’avais jamais pu aborder auparavant. Il y a aussi cet éditorial à développer sur cinq archipels. Les îles ont chacune une identité propre avec des spécificités culturelles. L’information à Tahiti sera forcément différente de celle des Marquises. Ce patchwork du Fenua, est, pour un journaliste, extrêmement formateur. À TNTV, nous fabriquons des journaux 100% locaux et l’actualité nationale et internationale n’est traitée qu’à travers le prisme polynésien. Et en Polynésie française, notre bassin de référence est constitué notamment des Etats-Unis, de la Nouvelle-Zélande et de la Chine.
DE VOTRE PASSAGE À RFO RÉUNION JUSQU’À VOS EXPÉRIENCES NATIONALES CHEZ CANAL+ ET BFM TV, EN QUOI CES ÉTAPES ONT-ELLES INFLUENCÉ VOTRE VISION DU JOURNALISME ET DE SON RÔLE DANS NOS SOCIÉTÉS ACTUELLES ?
Si je fais un calcul rapide, TNTV est la 5ème chaîne où j’occupe un poste. C’est extrêmement enrichissant d’avoir pu évoluer dans des environnements diff érents : à la fois dans le public, le privé, comme pigiste, contractuelle, titulaire, devant, derrière la caméra, pour un grand groupe comme France Télévisions, pour la chaîne leader Antenne Réunion, pour le groupe Canal + mais aussi le mastodonte BFMTV. Quelle que soit la chaîne, l’objectif commun est d’informer, mais les moyens d’y arriver sont diff érents. Sur une chaîne info, l’information sera développée en fi l rouge et modifiée en temps réel. Sur une chaîne leader, le journaliste va tenter d’obtenir des exclusivités. On peut parfois parler de surinformation dans un cas et, depuis l’arrivée des réseaux sociaux, de désinformation. J’ai toujours la même vision du journalisme qu’à l’époque où j’étais étudiante à l’ESJ Paris. J’ai, en revanche, été influencée par le mode de consommation et la déclinaison de l’information au cours de mes expériences. Il y a eu un avant et un après du journalisme avec l’arrivée des réseaux sociaux. Le journaliste doit se réinventer et s’adapter en permanence. Il doit aussi plus que jamais vérifier ses sources.
EN 2020, VOUS ÊTES DEVENUE MARIE-ADJOINTE EN CHARGE DE LA COMMUNICATION DANS UNE COMMUNE DE SEINE-ET-MARNE. QUELS ENSEIGNEMENTS AVEZ-VOUS TIRÉS DE CETTE EXPÉRIENCE POLITIQUE, CELA A T'IL ENRICHI VOTRE COMPRÉHENSION DES ENJEUX LOCAUX ET HUMAINS ?
Avoir été maire-adjointe m’a positionnée sur un rôle de proximité. D’être sollicitée sur des thématiques quotidiennes donne un ancrage important dans la réalité. Avec l’équipe municipale, nous avions par exemple une astreinte pour la distribution de repas aux personnes âgées de la commune. On touche immédiatement une dimension sociale qui est elle-même reliée à d’autres thématiques : l’isolement, la vulnérabilité des personnes âgées, la question de la dépendance etc. On a un sentiment d’utilité très fort et cette mission nous force à avoir une prise de conscience maximale sur des enjeux de société. Pour le reste, la gestion de crise représente 99,9% des missions d’un cabinet. Comme directrice de cabinet spécialisée en criminologie, j’ai appris à rester à bonne distance et à appréhender les faits les plus graves avec recul. Sans ces formations, on ne peut traiter les dossiers les plus sensibles. Grâce au MBA en Management, je mets ma casquette de manager. J’ai pu encadrer des commissions d’élus et des équipes que ce soit en politique, au sein d’un cabinet ou dans une rédaction.
EN TANT QUE JOURNALISTE ET PROFESSIONNELLE DES MÉDIAS AYANT PROFONDÉMENT MARQUÉ LE PAYSAGE RÉUNIONNAIS, GARDEZ-VOUS UN ŒIL SUR L’ÉVOLUTION MÉDIATIQUE DE LA RÉUNION ?
En tant que Réunionnaise, je reste évidemment en alerte sur toute l’actualité locale. Comme de nombreux confrères et consoeurs, j’ai assisté avec grand regret à la disparition du JIR (Le Journal de l’Île). J’ai constaté les dérives des réseaux sociaux à l’échelle de La Réunion et j’ai observé le développement de la presse magazine. L’information se décline et se consomme majoritairement en version numérique ce qui a des avantages et des inconvénients. Je regrette la rareté du papier. En même temps, ces formats online permettent aussi de suivre de loin l’actualité et d’avoir accès à une information rapide, compréhensible de tous et sélective. Cela permet de garder un lien pour tous ceux qui, comme moi, sont géographiquement éloignés de leur île. Le plus grand défi d’un média insulaire est, je crois, de faire de l’information de proximité tout en étant capable de décliner localement l’information de la France hexagonale.