Manger sain en se fiant au goût


Rédigé le Mercredi 7 Avril 2021 à 10:08 | Lu 236 fois modifié le Mercredi 7 Avril 2021

Entre la pensée et la panse existe un réseau complexe d’interactions que la réflexion aurait tort de négliger. De ces affinités électives, peut-on aller jusqu’à déduire que le plaisir de manger est le garant d’une alimentation équilibrée ? Amateurs de bonne chère, vous allez peut-être enfin pouvoir manger en paix !



Notre organisme et l'acte alimentaire

L’acte alimentaire répond à de multiples besoins physiques, psychiques  et émotionnels, dont les orientations sont parfois contraires. Pour équilibrer ces différentes tendances, le psychiatre Gérard Apfeldorfer, spécialiste des troubles du comportement alimentaire, suggère une autorégulation à la « va comme je te pousse », suivant nos envies, nos inclinations du moment ou les circonstances. Envie d’un apéro dînatoire avec les copains ? Ne vous privez pas de tapas, de clubs sandwichs et faites-le sans aucune arrière-pensée ! Vous ressentez le besoin de manger du gras ou du sucre ? N’hésitez pas ! Si un aliment n’est que sucré et gras, vous vous en lasserez beaucoup plus vite que d’autres produits ayant une plus grande richesse sensorielle. Sur la durée, les déséquilibres successifs vont ainsi se neutraliser grâce au goût qui, mieux que n’importe quel coach, oriente notre régime alimentaire vers l’équilibre. Bâillonner nos papilles et proscrire certains aliments par crainte de grossir serait ainsi le meilleur moyen de dérégler notre alimentation.

Le modèle culturel Français

Le plaisir de faire « bonne chère » nous aurait préservés de l’épidémie d’obésité. Le modèle culturel français était jusqu’à présent fondé sur des valeurs hédonistes de plaisir et de partage : le fait de prendre ses repas à plusieurs, que ce soit en famille, avec des amis ou des collègues de travail favorise la régulation des prises alimentaires, par mimétisme, avec les autres convives. Cela n’existe pas dans les pays anglo-saxons où chacun peut manger quand il veut, seul, en marchant, devant son ordi... Manger n’est pas un acte à part entière aux États-Unis. Le fait que nous grossissions actuellement est peut-être lié à notre changement de mode de vie qui se rapproche de plus en plus du mode de vie américain.

D'un acte instinctif, l'acte de manger devient un acte intellectuel

Le culte du corps parfait nous éloigne également de nos signaux. Actuellement, tout nous laisse croire que si nous répondons aux critères de beauté de notre société, tout ira mieux pour nous dans la vie : nous aurons plus de succès, un meilleur boulot, une meilleure santé... Nous mangeons en fonction de la santé que nous désirons obtenir : ce n’est plus le corps qui parle, mais la tête. L’acte de manger est profondément lié à la culpabilité dès que l’on déroge aux principes diététiques dictés par la société de la minceur obligatoire ! Nous mangeons en fonction de toutes sortes de critères intellectuels : le nombre de calories, la teneur en nutriments, le type d’aliment. On calcule, on réfléchit en mettant en opposition ses propres désirs et sa raison, pour finalement suivre les conseils des derniers diététiciens en vogue.

Le retour à la cuisine familiale

Les injonctions alimentaires actuelles nient la cuisine traditionnelle familiale, mais ne serait-il pas plus bénéfique d’inviter les consommateurs à manger un bon pot-au-feu ou un bon couscous plutôt que de vanter les mérites des cinq fruits et légumes par jour ? Comment réussir à transmettre aux enfants le goût des bonnes choses et de la convivialité si ce n’est en prenant le temps de s’asseoir pour dîner en famille, en mangeant lentement dans un environnement calme et exempt de distractions, et en apportant à la présentation des aliments une attention toute particulière afin qu’ils offrent une satiété gustative ?

Le goût évolue avec l'âge

Votre enfant rejette les endives et les pamplemousses, ce n’est pas grave ! Le goût est propre à chacun, il s’éduque et évolue tout au long de la vie. En variant les présentations, en associant les saveurs, en faisant participer les enfants à la préparation des repas, ils seront amenés à apprécier des aliments qu’ils repoussaient au départ.

Quelques règles du bien manger

Ne pas se priver des aliments que l’on aime : le faire, c’est risquer, à terme, une envie excessive qui nous  pousse à une consommation exagérée et donc à une prise de poids. Manger de tout avec plaisir et modération. Respecter ses propres signaux de faim et de satiété. Faire confiance à son corps à chaque passage à table.