De retour à La Réunion en tant que directrice régionale de Réunion La 1ère, Valérie Filain entend écrire la suite d’une histoire d’amour avec les Réunionnais et adapter la chaîne aux nouveaux modes de consommation de l'information. Entre ambition pour une équipe, ancrage local et nouveaux défis médiatiques, elle partage sa vision et ses engagements.
VOUS AVEZ PRIS VOS FONCTIONS EN JANVIER 2025, APRÈS UN PARCOURS RICHE EN EXPÉRIENCES. QUEL A ÉTÉ VOTRE RESSENTI EN REVENANT AU PÉI, CETTE FOIS-CI À UN POSTE DE DIRECTION ?
C’était un moment de grande fierté et d’émotion intense. En franchissant les portes des locaux, j’ai ressenti une vague d’émotion en retrouvant mes anciens collègues, qui, au fil des ans, sont devenus des amis. Certains m’ont vue arriver en tant que stagiaire, et aujourd’hui, ils m’appellent affectueusement «la patronne» sur le ton de la taquinerie. Pourtant, rien ne change vraiment : ils m’ont toujours appelée Valérie, et cela restera ainsi. Mon rôle n’est pas de me placer au-dessus, mais de mener une mission, d’être un chef d’orchestre, une capitaine d’équipe. Ce retour a été marqué par beaucoup d’amour et de soutien, et cette fierté m’a littéralement portée.
CE RETOUR ÉTAIT-IL PRÉVU ?
Je suis réunionnaise dans l’âme et amoureuse de mon pays. Ce retour était bien sûr une profonde envie, mais je ne pensais pas que cela arriverait aussi rapidement. J’avais tendance à croire que ce genre de poste était accessible en fin de carrière. Tout est allé très vite. Sylvie Gengoul, la directrice exécutive du pôle Outre-mer, m’a observée, m’a vue travailler, elle me connaît et a pris ce pari audacieux. C’est aussi un moment historique et ce sont les Réunionnais qui me l’ont rappelé : je suis la première Réunionnaise à occuper ce poste. Avant moi, seul Gorah Patel, premier et unique Réunionnais à ce jour, y était parvenu. Cela dit quelque chose… Aujourd’hui, il y a une véritable volonté de faire confiance aux talents locaux. Il faut entendre que nous avons ici des personnes compétentes. «Néna domoun gayar dan nout péi, néna domoun konpétan.»
QUELLES SONT VOS PRINCIPALES AMBITIONS POUR RÉUNION LA 1ÈRE DANS LES MOIS ET ANNÉES À VENIR ?
«Mwin mi ve ke domoun La Réunion i konpran ke Réunion la 1ere, c'est la télé, la radio, le web, les réseaux sociaux de nout Péi. Nou ve mèt an avan La Réunion, ça parait simple mais c’est un défi, des projets à créer, à mettre en place, des combats à mener, être une voix pour La Réunion. Cette ambition est simple mais déterminante : mettre en avant notre île, notre Péi, valoriser les hommes et les femmes, la jeunesse, la fierté réunionnaise, retisser du lien. « In main i lav lot, nou lé ansanm » : c’est notre ADN et nous ne devrions pas attendre des catastrophes comme le cyclone Garance pour montrer que nous sommes unis. Je refuse que l'on fasse semblant de parler de proximité juste pour récupérer de l’audience. La proximité, pour moi, a un vrai sens. Elle aussi est dans notre ADN. Je suis issue des quartiers, je suis amoureuse de nos villes et villages. C'est ce cœur de La Réunion que je veux mettre en lumière.
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE BOULEVERSE LE PAYSAGE MÉDIATIQUE. COMMENT RÉUNION LA 1ÈRE PRÉVIENT-ELLE LES ABUS LIÉS À SON USAGE, NOTAMMENT LES FAKE NEWS ?
Il ne faut pas lutter contre le progrès, mais il faut le maîtriser. L’IA est omniprésente et peut être un outil formidable si on en connaît les limites et les risques. La véritable menace, c’est l’ignorance. Aujourd’hui, tout va très vite sur les réseaux sociaux. Notre rôle, en tant que service public, est de contrôler l’information. Nous prenons le temps de vérifier avant de diffuser, quitte à ne pas être les premiers à sortir une actu. Nous ne courons pas après le buzz ou le sensationnalisme. Nous voulons informer et, si possible, éveiller les consciences. Nous avons aussi un rôle d’éducation aux médias. Il est crucial que les citoyens, dès le plus jeune âge, apprennent à décrypter l’information, à identifier les sources fiables et à se méfier des contenus trompeurs. Ce sera un axe fort de notre mission de service public.
LES MODES DE CONSOMMATION DE L’INFORMATION ONT ÉVOLUÉ. COMMENT ADAPTEZ-VOUS RÉUNION LA 1ÈRE À CES NOUVELLES HABITUDES DIGITALES ?
Nous sommes entrés dans une ère de l’instantanéité. Il est révolu, le temps où l’on attendait le journal du soir pour s’informer. Désormais, l’info se déploie en quadrimédia : télé, radio, réseaux sociaux et site web. Nous adaptons notre stratégie en fonction du message et du public : quel support, pour quelle info, pour quel public, à quel moment ? Cette complémentarité est essentielle. Nous avons par ailleurs développé un travail collaboratif avec nos correspondants et nos partenaires pour capter l’information au plus près du terrain. L’information de proximité est notre priorité, et cela passe aussi par l’interactivité avec le public. Nous voulons que les Réunionnais se reconnaissent dans notre média et qu’ils aient envie de s’y exprimer.
LE DISPOSITIF 360° MIS EN PLACE POUR LE CYCLONE GARANCE A ÉTÉ LARGEMENT SALUÉ. COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU CETTE EXPÉRIENCE ?
Nous étions une belle équipe, que je tiens à saluer. Confinés pendant l’alerte rouge, nous avons pu compter sur nos équipes, ici à la station et sur le terrain, pour accomplir notre mission de service public et maintenir le lien aussi longtemps que les Réunionnais avaient besoin de nous, ce qui me tient particulièrement à cœur. Nos équipes radio ont joué un rôle essentiel. La radio est un média du lien social, et nos animateurs se sont relayés jour et nuit pour informer, rassurer et maintenir ce lien avec la population. Grâce à eux, nous avons pu rendre compte de la situation en temps réel, jouer pleinement notre rôle et tout simplement répondre présent. Dans cette période intense, nous avons fonctionné comme une grande famille. L’organisation s’est rapidement mise en place : nous avons transformé les bureaux en dortoirs, partagé nos repas tous ensemble, sans distinction de rôle ou de statut. Administratif, direction, journalistes, animateurs, techniciens… Nous étions tous unis dans un véritable moment de cohésion. Mais au-delà de l’information, nous avons aussi été une oreille attentive et bienveillante pour nos auditeurs. Certains, en détresse, nous ont appelés, faute de pouvoir joindre qui que ce soit d’autre. Nos animateurs ont relayé des messages, contacté les secours pour eux. C’est cela, Réunion La 1ère : être présents, solidaires, capables d’offrir des moments forts, chargés d’émotion et de frissons – dans le sens le plus positif du terme. Cet esprit de solidarité et de service public, c’est notre ADN.
VOUS AVEZ ÉTÉ ABSENTE PRÈS DE TROIS ANS. QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR L’ÉVOLUTION DU PAYSAGE MÉDIATIQUE RÉUNIONNAIS ?
La disparition du JIR (Journal de l’île de La Réunion) est un événement qui ne peut que susciter de l’émotion. C’est une illustration frappante de la fragilité de la presse écrite. Pour ma part, j’ai toujours aimé feuilleter les journaux et les magazines, ressentir le papier entre mes doigts. Aujourd’hui, vous êtes peu nombreux. Je me souviens d’un temps où le pluralisme était une richesse, toujours bénéfique pour l’information. Mais une fois de plus, cette disparition traduit l’évolution des habitudes de consommation de l’information.
QUELS DÉFIS LES MÉDIAS TRADITIONNELS DOIVENT-IL SURMONTER POUR S'ADAPTER À CETTE ÉVOLUTION DES HABITUDES DE CONSOMMATION DE L’INFORMATION ?
Désormais, l’information se consomme en quelques clics, de manière fragmentée. On «grignote» l’information. Il est essentiel de réfléchir à cette approche globale : certaines actualités peuvent être diffusées rapidement, adaptées à des formats courts comme les stories ou les vidéos. Mais pour d’autres sujets, il faut du temps, des enquêtes approfondies, des dossiers fouillés. Cela vaut aussi bien pour la presse écrite que pour la télévision. Tout va très vite, et nous devons nous adapter, mais tout ne peut pas non plus être instantané. Nous avons besoin de sérénité, de profondeur, de longs formats, de témoignages, de portraits, d’explications détaillées. Ce que je retiens de mon expérience en tant que directrice de la rédaction du pôle Outre-mer, c’est cette vision élargie des territoires ultramarins. J’ai eu la chance de travailler avec l’ensemble de ces territoires, et malgré nos différences (langues, ethnies…), nous partageons des similitudes, des combats communs, des initiatives partagées. Nous nous ressemblons sur bien des sujets. Mais nous connaissons-nous vraiment entre habitants des Outre-mer ? Nous passons nos vacances à l’île Maurice, mais connaissons-nous réellement le peuple mauricien, ses priorités, sa diversité culturelle, son histoire? Il en va de même pour Mayotte, Madagascar, les Seychelles, et tous les territoires de la zone océan Indien. Nous avons des liens historiques, un héritage commun, mais nous restons souvent tournés vers nous-mêmes sans prendre le temps de nous intéresser les uns aux autres. C’est sur cette réflexion que j’ai envie de travailler, en proposant aux Réunionnais quelque chose de nouveau : non seulement de l’évasion, mais aussi une véritable approche de compréhension et de réflexion. Je suis entourée d’une équipe avec laquelle j’ai construit des liens forts. Comme je le disais lors de ma première prise de parole, j’ai une histoire avec chacun d’entre eux : une anecdote, un éclat de rire, parfois des larmes. Je crois fermement aux compétences de chaque membre du personnel de Réunion La 1ère. L’objectif est de rester fidèle à nos valeurs, à l’ADN de France Télévisions et du pôle Outre-mer La 1ère. Nous ne cherchons pas le buzz : nous privilégions la force de l’image et la cohérence dans notre ligne éditoriale. La Réunion est une terre d’histoires, et nous avons le devoir de les raconter avec rigueur et passion. C’est notre engagement.
EN TANT QUE TRAILEUSE EXPÉRIMENTÉE, AYANT PARTICIPÉ PLUSIEURS FOIS À LA MASCAREIGNES, ENVISAGEZ-VOUS DE PRENDRE LE DÉPART DU GRAND RAID CETTE ANNÉE ?
J’ai mis le trail de côté pendant un moment, et la reprise se fait dans la douleur. Le cœur de La Réunion (Mafate) se mérite, et revenir sur les sentiers est un vrai défi. J’ai participé au Trail des Anglais il y a quelques semaines, mais cette année, je tiens surtout à offrir une belle couverture du Grand Raid aux téléspectateurs. Je serai aux côtés des équipes pour couvrir l’événement. Peut-être l’année prochaine pour la course.»
VOUS AVEZ PRIS VOS FONCTIONS EN JANVIER 2025, APRÈS UN PARCOURS RICHE EN EXPÉRIENCES. QUEL A ÉTÉ VOTRE RESSENTI EN REVENANT AU PÉI, CETTE FOIS-CI À UN POSTE DE DIRECTION ?
C’était un moment de grande fierté et d’émotion intense. En franchissant les portes des locaux, j’ai ressenti une vague d’émotion en retrouvant mes anciens collègues, qui, au fil des ans, sont devenus des amis. Certains m’ont vue arriver en tant que stagiaire, et aujourd’hui, ils m’appellent affectueusement «la patronne» sur le ton de la taquinerie. Pourtant, rien ne change vraiment : ils m’ont toujours appelée Valérie, et cela restera ainsi. Mon rôle n’est pas de me placer au-dessus, mais de mener une mission, d’être un chef d’orchestre, une capitaine d’équipe. Ce retour a été marqué par beaucoup d’amour et de soutien, et cette fierté m’a littéralement portée.
CE RETOUR ÉTAIT-IL PRÉVU ?
Je suis réunionnaise dans l’âme et amoureuse de mon pays. Ce retour était bien sûr une profonde envie, mais je ne pensais pas que cela arriverait aussi rapidement. J’avais tendance à croire que ce genre de poste était accessible en fin de carrière. Tout est allé très vite. Sylvie Gengoul, la directrice exécutive du pôle Outre-mer, m’a observée, m’a vue travailler, elle me connaît et a pris ce pari audacieux. C’est aussi un moment historique et ce sont les Réunionnais qui me l’ont rappelé : je suis la première Réunionnaise à occuper ce poste. Avant moi, seul Gorah Patel, premier et unique Réunionnais à ce jour, y était parvenu. Cela dit quelque chose… Aujourd’hui, il y a une véritable volonté de faire confiance aux talents locaux. Il faut entendre que nous avons ici des personnes compétentes. «Néna domoun gayar dan nout péi, néna domoun konpétan.»
QUELLES SONT VOS PRINCIPALES AMBITIONS POUR RÉUNION LA 1ÈRE DANS LES MOIS ET ANNÉES À VENIR ?
«Mwin mi ve ke domoun La Réunion i konpran ke Réunion la 1ere, c'est la télé, la radio, le web, les réseaux sociaux de nout Péi. Nou ve mèt an avan La Réunion, ça parait simple mais c’est un défi, des projets à créer, à mettre en place, des combats à mener, être une voix pour La Réunion. Cette ambition est simple mais déterminante : mettre en avant notre île, notre Péi, valoriser les hommes et les femmes, la jeunesse, la fierté réunionnaise, retisser du lien. « In main i lav lot, nou lé ansanm » : c’est notre ADN et nous ne devrions pas attendre des catastrophes comme le cyclone Garance pour montrer que nous sommes unis. Je refuse que l'on fasse semblant de parler de proximité juste pour récupérer de l’audience. La proximité, pour moi, a un vrai sens. Elle aussi est dans notre ADN. Je suis issue des quartiers, je suis amoureuse de nos villes et villages. C'est ce cœur de La Réunion que je veux mettre en lumière.
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE BOULEVERSE LE PAYSAGE MÉDIATIQUE. COMMENT RÉUNION LA 1ÈRE PRÉVIENT-ELLE LES ABUS LIÉS À SON USAGE, NOTAMMENT LES FAKE NEWS ?
Il ne faut pas lutter contre le progrès, mais il faut le maîtriser. L’IA est omniprésente et peut être un outil formidable si on en connaît les limites et les risques. La véritable menace, c’est l’ignorance. Aujourd’hui, tout va très vite sur les réseaux sociaux. Notre rôle, en tant que service public, est de contrôler l’information. Nous prenons le temps de vérifier avant de diffuser, quitte à ne pas être les premiers à sortir une actu. Nous ne courons pas après le buzz ou le sensationnalisme. Nous voulons informer et, si possible, éveiller les consciences. Nous avons aussi un rôle d’éducation aux médias. Il est crucial que les citoyens, dès le plus jeune âge, apprennent à décrypter l’information, à identifier les sources fiables et à se méfier des contenus trompeurs. Ce sera un axe fort de notre mission de service public.
LES MODES DE CONSOMMATION DE L’INFORMATION ONT ÉVOLUÉ. COMMENT ADAPTEZ-VOUS RÉUNION LA 1ÈRE À CES NOUVELLES HABITUDES DIGITALES ?
Nous sommes entrés dans une ère de l’instantanéité. Il est révolu, le temps où l’on attendait le journal du soir pour s’informer. Désormais, l’info se déploie en quadrimédia : télé, radio, réseaux sociaux et site web. Nous adaptons notre stratégie en fonction du message et du public : quel support, pour quelle info, pour quel public, à quel moment ? Cette complémentarité est essentielle. Nous avons par ailleurs développé un travail collaboratif avec nos correspondants et nos partenaires pour capter l’information au plus près du terrain. L’information de proximité est notre priorité, et cela passe aussi par l’interactivité avec le public. Nous voulons que les Réunionnais se reconnaissent dans notre média et qu’ils aient envie de s’y exprimer.
LE DISPOSITIF 360° MIS EN PLACE POUR LE CYCLONE GARANCE A ÉTÉ LARGEMENT SALUÉ. COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU CETTE EXPÉRIENCE ?
Nous étions une belle équipe, que je tiens à saluer. Confinés pendant l’alerte rouge, nous avons pu compter sur nos équipes, ici à la station et sur le terrain, pour accomplir notre mission de service public et maintenir le lien aussi longtemps que les Réunionnais avaient besoin de nous, ce qui me tient particulièrement à cœur. Nos équipes radio ont joué un rôle essentiel. La radio est un média du lien social, et nos animateurs se sont relayés jour et nuit pour informer, rassurer et maintenir ce lien avec la population. Grâce à eux, nous avons pu rendre compte de la situation en temps réel, jouer pleinement notre rôle et tout simplement répondre présent. Dans cette période intense, nous avons fonctionné comme une grande famille. L’organisation s’est rapidement mise en place : nous avons transformé les bureaux en dortoirs, partagé nos repas tous ensemble, sans distinction de rôle ou de statut. Administratif, direction, journalistes, animateurs, techniciens… Nous étions tous unis dans un véritable moment de cohésion. Mais au-delà de l’information, nous avons aussi été une oreille attentive et bienveillante pour nos auditeurs. Certains, en détresse, nous ont appelés, faute de pouvoir joindre qui que ce soit d’autre. Nos animateurs ont relayé des messages, contacté les secours pour eux. C’est cela, Réunion La 1ère : être présents, solidaires, capables d’offrir des moments forts, chargés d’émotion et de frissons – dans le sens le plus positif du terme. Cet esprit de solidarité et de service public, c’est notre ADN.
VOUS AVEZ ÉTÉ ABSENTE PRÈS DE TROIS ANS. QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR L’ÉVOLUTION DU PAYSAGE MÉDIATIQUE RÉUNIONNAIS ?
La disparition du JIR (Journal de l’île de La Réunion) est un événement qui ne peut que susciter de l’émotion. C’est une illustration frappante de la fragilité de la presse écrite. Pour ma part, j’ai toujours aimé feuilleter les journaux et les magazines, ressentir le papier entre mes doigts. Aujourd’hui, vous êtes peu nombreux. Je me souviens d’un temps où le pluralisme était une richesse, toujours bénéfique pour l’information. Mais une fois de plus, cette disparition traduit l’évolution des habitudes de consommation de l’information.
QUELS DÉFIS LES MÉDIAS TRADITIONNELS DOIVENT-IL SURMONTER POUR S'ADAPTER À CETTE ÉVOLUTION DES HABITUDES DE CONSOMMATION DE L’INFORMATION ?
Désormais, l’information se consomme en quelques clics, de manière fragmentée. On «grignote» l’information. Il est essentiel de réfléchir à cette approche globale : certaines actualités peuvent être diffusées rapidement, adaptées à des formats courts comme les stories ou les vidéos. Mais pour d’autres sujets, il faut du temps, des enquêtes approfondies, des dossiers fouillés. Cela vaut aussi bien pour la presse écrite que pour la télévision. Tout va très vite, et nous devons nous adapter, mais tout ne peut pas non plus être instantané. Nous avons besoin de sérénité, de profondeur, de longs formats, de témoignages, de portraits, d’explications détaillées. Ce que je retiens de mon expérience en tant que directrice de la rédaction du pôle Outre-mer, c’est cette vision élargie des territoires ultramarins. J’ai eu la chance de travailler avec l’ensemble de ces territoires, et malgré nos différences (langues, ethnies…), nous partageons des similitudes, des combats communs, des initiatives partagées. Nous nous ressemblons sur bien des sujets. Mais nous connaissons-nous vraiment entre habitants des Outre-mer ? Nous passons nos vacances à l’île Maurice, mais connaissons-nous réellement le peuple mauricien, ses priorités, sa diversité culturelle, son histoire? Il en va de même pour Mayotte, Madagascar, les Seychelles, et tous les territoires de la zone océan Indien. Nous avons des liens historiques, un héritage commun, mais nous restons souvent tournés vers nous-mêmes sans prendre le temps de nous intéresser les uns aux autres. C’est sur cette réflexion que j’ai envie de travailler, en proposant aux Réunionnais quelque chose de nouveau : non seulement de l’évasion, mais aussi une véritable approche de compréhension et de réflexion. Je suis entourée d’une équipe avec laquelle j’ai construit des liens forts. Comme je le disais lors de ma première prise de parole, j’ai une histoire avec chacun d’entre eux : une anecdote, un éclat de rire, parfois des larmes. Je crois fermement aux compétences de chaque membre du personnel de Réunion La 1ère. L’objectif est de rester fidèle à nos valeurs, à l’ADN de France Télévisions et du pôle Outre-mer La 1ère. Nous ne cherchons pas le buzz : nous privilégions la force de l’image et la cohérence dans notre ligne éditoriale. La Réunion est une terre d’histoires, et nous avons le devoir de les raconter avec rigueur et passion. C’est notre engagement.
EN TANT QUE TRAILEUSE EXPÉRIMENTÉE, AYANT PARTICIPÉ PLUSIEURS FOIS À LA MASCAREIGNES, ENVISAGEZ-VOUS DE PRENDRE LE DÉPART DU GRAND RAID CETTE ANNÉE ?
J’ai mis le trail de côté pendant un moment, et la reprise se fait dans la douleur. Le cœur de La Réunion (Mafate) se mérite, et revenir sur les sentiers est un vrai défi. J’ai participé au Trail des Anglais il y a quelques semaines, mais cette année, je tiens surtout à offrir une belle couverture du Grand Raid aux téléspectateurs. Je serai aux côtés des équipes pour couvrir l’événement. Peut-être l’année prochaine pour la course.»