Lionel Calenge, vous êtes éminemment connu du grand public, mais les réunionnais doivent savoir ce qu’englobe le CHU de la réunion que vous dirigez, qu’en est-il précisément ? Quelles sont vos missions régaliennes ?
Le Centre Hospitalier Universitaire de La Réunion regroupe depuis février 2012 le Centre
Hospitalier (ex Félix Guyon) de Saint-Denis et le Groupe Hospitalier Sud Réunion de Saint-Pierre. Nous
remplissons 4 missions fondamentales qui consistent dans les soins et la prévention, l’enseignement,
la recherche et l’innovation, la coopération régionale et internationale. Nous fournissons une offre de
soins complète, puisque le CHU de La Réunion propose toutes les prises en charge médicales et
chirurgicales : urgences (SAMU) ; anesthésie et réanimation ; médecine ; chirurgie et chirurgie
ambulatoire (cardiaque et vasculaire, infantile et néonatale, neurochirurgie, grands brûlés) ; greffes et
histocomptabilité ; médecine nucléaire (dont TEP, radiothérapie, curiethérapie) ; couple et
enfant (maternité) ; imagerie, laboratoire et pharmacie (dont laboratoire) ; cancérologie ; rééducation ; hyperbarie ; hématologie-oncologie ; etc. Le CHU est
également centre référent NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique) et centre référent
maladies rares. Le CHU de La Réunion se place, dans une démarche qualité au cœur du soin au
service du patient. C’est pourquoi l’amélioration permanente de la qualité et de la sécurité des soins,
qui bénéficie aux patients comme aux soignants, représente un enjeu majeur pour l’ensemble de nos
professionnels de santé. Au-delà, notre politique de management de la qualité prône un niveau
d’exigence accru dans ces domaines et traduit l’engagement du CHU dans une démarche de progrès
continu. Le CHU est aussi en Direction commune avec le GHER. Nous sommes en train de travailler
avec la communauté médico-soignante et les instances du GHER sur un nouveau projet
médico-soignant 2023-2027 qui doit concrétiser le positionnement du GHER comme atout santé du
territoire Est et poursuivre les très gros progrès de l’établissement depuis plusieurs années.
Le Centre Hospitalier Universitaire de La Réunion regroupe depuis février 2012 le Centre
Hospitalier (ex Félix Guyon) de Saint-Denis et le Groupe Hospitalier Sud Réunion de Saint-Pierre. Nous
remplissons 4 missions fondamentales qui consistent dans les soins et la prévention, l’enseignement,
la recherche et l’innovation, la coopération régionale et internationale. Nous fournissons une offre de
soins complète, puisque le CHU de La Réunion propose toutes les prises en charge médicales et
chirurgicales : urgences (SAMU) ; anesthésie et réanimation ; médecine ; chirurgie et chirurgie
ambulatoire (cardiaque et vasculaire, infantile et néonatale, neurochirurgie, grands brûlés) ; greffes et
histocomptabilité ; médecine nucléaire (dont TEP, radiothérapie, curiethérapie) ; couple et
enfant (maternité) ; imagerie, laboratoire et pharmacie (dont laboratoire) ; cancérologie ; rééducation ; hyperbarie ; hématologie-oncologie ; etc. Le CHU est
également centre référent NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique) et centre référent
maladies rares. Le CHU de La Réunion se place, dans une démarche qualité au cœur du soin au
service du patient. C’est pourquoi l’amélioration permanente de la qualité et de la sécurité des soins,
qui bénéficie aux patients comme aux soignants, représente un enjeu majeur pour l’ensemble de nos
professionnels de santé. Au-delà, notre politique de management de la qualité prône un niveau
d’exigence accru dans ces domaines et traduit l’engagement du CHU dans une démarche de progrès
continu. Le CHU est aussi en Direction commune avec le GHER. Nous sommes en train de travailler
avec la communauté médico-soignante et les instances du GHER sur un nouveau projet
médico-soignant 2023-2027 qui doit concrétiser le positionnement du GHER comme atout santé du
territoire Est et poursuivre les très gros progrès de l’établissement depuis plusieurs années.
Au terme de plus de 10 années d’existence du CHU de la Réunion, réparti dans toutes les zones
cardinales de l’île, êtes-vous vous un réunionnais heureux ?
cardinales de l’île, êtes-vous vous un réunionnais heureux ?
Oui, très heureux, mais jamais entièrement satisfait, j’estime et je crois que nous pouvons, que nous
devons toujours faire plus ! Vous savez notre projet d’établissement qui court jusqu’en 2026 présente
la vision de l’ensemble de la communauté hospitalière du CHU de la Réunion pour les années à venir
et trace une véritable feuille de route. Travailler de concert, avec l’ensemble des services de soins, qui
composent notre établissement, l’ensemble des directions et partenaires, c’est-à-dire près de 400
professionnels qui ont œuvré à son élaboration et à son application. Je suis particulièrement fier des
démarches innovantes sur le parcours des patients hospitalisés comme la mise en œuvre de cellules
d’ordonnancement sur les sites nord et sud du CHU pour mieux gérer notre potentiel de lits. Vous
avez raison le CHU de la Réunion s’est ancré davantage sur son territoire en renforçant ses liens avec
l’ensemble de nos partenaires et avant tout, avec la médecine de ville. Le CHU porte également en
tant qu’établissement support la stratégie de développement des hôpitaux publics de la Réunion (le
GHT, avec le CHOR et l’EPSMR en plus du CHU et GHER). L’année 2023 est une année charnière, celle
de l’élaboration de notre nouveau projet médico-soignant du groupement hospitalier de territoire au
service des patients du territoire Est de l’île.
devons toujours faire plus ! Vous savez notre projet d’établissement qui court jusqu’en 2026 présente
la vision de l’ensemble de la communauté hospitalière du CHU de la Réunion pour les années à venir
et trace une véritable feuille de route. Travailler de concert, avec l’ensemble des services de soins, qui
composent notre établissement, l’ensemble des directions et partenaires, c’est-à-dire près de 400
professionnels qui ont œuvré à son élaboration et à son application. Je suis particulièrement fier des
démarches innovantes sur le parcours des patients hospitalisés comme la mise en œuvre de cellules
d’ordonnancement sur les sites nord et sud du CHU pour mieux gérer notre potentiel de lits. Vous
avez raison le CHU de la Réunion s’est ancré davantage sur son territoire en renforçant ses liens avec
l’ensemble de nos partenaires et avant tout, avec la médecine de ville. Le CHU porte également en
tant qu’établissement support la stratégie de développement des hôpitaux publics de la Réunion (le
GHT, avec le CHOR et l’EPSMR en plus du CHU et GHER). L’année 2023 est une année charnière, celle
de l’élaboration de notre nouveau projet médico-soignant du groupement hospitalier de territoire au
service des patients du territoire Est de l’île.
Lionel Calenge, où en êtes-vous de vos relations partenariales dans l’océan Indien, les réunionnais
ont le droit de savoir ?
La Réunion apporte un appui et un rôle de recours d’expertise vis-à-vis de l’hôpital de Mayotte
renforçant notablement la coopération médicale, les postes médicaux partagés et en sécurisant
davantage l’accueil des patients de Mayotte. Nous avons accueilli plus de 1600 evasans, l’année
dernière contre 400 Il y a dix ans.
Nous travaillons également toujours sur la filière d’accueil des patients de la zone Océan Indien et
poursuivre notre stratégie de soutien des politiques de santé, des pays de la zone, à travers notre
politique de coopération internationale et notre expertise en formant notamment 600 professionnels
(Madagascar, Comores, Seychelles, Maurice), chaque année. Nous ouvrons aussi de nouveau
partenariats, notamment sur le volet recherche en santé avec l’Australie et l’Inde.
Lionel Calenge, où en êtes-vous des investissements du CHU ?
L’année 2023 et celle de la mise en place des projets inscrits dans le plan d’investissement établi dans
le cadre des accords de Ségur de la santé signé en décembre 2021 avec l’État, un appui très
significatif de 170 millions d’euros sur les investissements nouveaux et la restauration des capacités
financières ainsi que l’appui très fort de la région Réunion et de sa Présidente, Huguette Bello au
présidente du Conseil de surveillance du CHU. On peut évoquer notamment le lancement du futur
bâtiment femme / parent / enfant, au nord, ou encore l’acquisition d’un nouveau TEP scanner, mais
aussi la construction d’une unité pré et post greffe rénale, l’augmentation capacitaires de notre
service d’oncologie et enfin la création d’une deuxième unité de soins palliatifs à la réunion sur le site
Sud.
ont le droit de savoir ?
La Réunion apporte un appui et un rôle de recours d’expertise vis-à-vis de l’hôpital de Mayotte
renforçant notablement la coopération médicale, les postes médicaux partagés et en sécurisant
davantage l’accueil des patients de Mayotte. Nous avons accueilli plus de 1600 evasans, l’année
dernière contre 400 Il y a dix ans.
Nous travaillons également toujours sur la filière d’accueil des patients de la zone Océan Indien et
poursuivre notre stratégie de soutien des politiques de santé, des pays de la zone, à travers notre
politique de coopération internationale et notre expertise en formant notamment 600 professionnels
(Madagascar, Comores, Seychelles, Maurice), chaque année. Nous ouvrons aussi de nouveau
partenariats, notamment sur le volet recherche en santé avec l’Australie et l’Inde.
Lionel Calenge, où en êtes-vous des investissements du CHU ?
L’année 2023 et celle de la mise en place des projets inscrits dans le plan d’investissement établi dans
le cadre des accords de Ségur de la santé signé en décembre 2021 avec l’État, un appui très
significatif de 170 millions d’euros sur les investissements nouveaux et la restauration des capacités
financières ainsi que l’appui très fort de la région Réunion et de sa Présidente, Huguette Bello au
présidente du Conseil de surveillance du CHU. On peut évoquer notamment le lancement du futur
bâtiment femme / parent / enfant, au nord, ou encore l’acquisition d’un nouveau TEP scanner, mais
aussi la construction d’une unité pré et post greffe rénale, l’augmentation capacitaires de notre
service d’oncologie et enfin la création d’une deuxième unité de soins palliatifs à la réunion sur le site
Sud.
Encore plus :
Lionel Calenge, allez-vous lancer de nouvelles offres de soins ?
Bien entendu oui, le cœur de notre action restera le développement de l’offre de soins du CHU, la
sécurité, la qualité des soins en particulier par la mise en place de la greffe cardiaque, la prise en
charge des malformations cardiaques, congénitales complexes, ou encore l’avancée des travaux sur la
question de la greffe hépatique.
Lionel Calenge, vos rapports avec l’ARS n’ont pas toujours été au beau fixe ?
Les relations se sont largement décrispées, le DG d’ARS est en appui des établissements de santé du
territoire, cela change déjà beaucoup de choses, il y a de l’écoute et de la confiance. J’ai cette foi que
la qualité des hommes sera plus forte que la permanence des systèmes.
Il faut regarder l’évolution des institutions non pas à l’aune des personnes mais de catégories
économiques et stratégiques solides. Des fondamentaux. Il y a eu dans le passé des postures de pur
contrôle. Une attitude tournée vers l’appui est possible et salutaire, on le voit aujourd’hui. Vous
savez, si on regarde en arrière allez, disons depuis... 25 ans, on voit que le privé a beaucoup
développé son offre de soins. Je n’aurais pas l’aisance financière de racheter une compagnie
d’aviation si j’en avais la possibilité juridique !
Sur le CHU, la période 2016-2019 a été une période très tendue autour du plan de retour à l’équilibre
et du dossier Copermo, la vision d’alors était une vision une vision très verticale et comptable
uniquement marquée par la régulation financière. Lors de la période 2020-2022, le CHU a géré de
façon exemplaire la crise de la COVID ; c’est devenu une évidence pour le grand public.
Le CHU a besoin d’une ARS en fort appui sur les dossiers structurants du territoire et qui a une
capacité à impacter les arbitrages nationaux sur les grands dossiers hospitaliers : compensation
intégrales des mesures nationales (Ségur, gardes et travail de nuit, inflation, point d’indice),
adaptation du mode de financement des hôpitaux Réunionnais à travers l’augmentation du
coefficient géographique (dossier porté par les hôpitaux Réunionnais depuis 4 ans), mise en œuvre
du deuxième cycle des études médicales dans lequel du temps de praticien hospitalier doit être
financé. Ces dossiers, on les porte ensemble et j’espère qu’on réussira à les déverrouiller pour la
santé de notre population !
Lionel Calenge de quoi êtes-vous le plus fier ?
1. De l’attractivité du CHU et des hôpitaux Réunionnais
2. Du développement continu de l’activité et de la confiance des Réunionnais
3. De la mise en œuvre constante de nouvelles activités de soins permettant aux Réunionnais
de ne pas devoir se faire soigner en Métropole, ici on a presque tout !
4. De l’essor majestueux de l’enseignement et de la recherche
5. Du soutien à Mayotte et de la dimension OI du CHU
6. Des progrès en matière de gestion (comptes certifiés depuis 7 ans au CHU) et redressement
de la barre, malgré les insuffisances de notre modèle de financement
7. De la solidarité de notre communauté, du fait que le CHU est vraiment transversal, et qu’un
mouvement inexorable va vers à mon sens un regroupement de tous les établissements
publics à terme vers un CHU multi-sites sur tous nos territoires, même si la maturation de
cela prendra du temps !
Quand je me penche sur ces dernières années, ma plus grande fierté est d’avoir toujours dit aux gens
la vérité sur notre situation. Ça restera mon ADN professionnel. L’amour c’est dire aux gens ce qu’on
attend d’eux et la vérité sur notre situation, ce n’est pas leur dire ce qu’ils voudraient entendre.
Lionel Calenge on ne peut pas ne pas parler du Covid, de la crise qu’avez-vous à nous dire, à froid, à tiède et à chaud ?
Je retiens la solidarité des équipes, la coopération services de soins / Direction / services supports, la
gestion de cette crise par le GHT. Nous avons tiré toutes les leçons du Covid, mais en tenant compte,
aujourd’hui de la conjoncture marquée, notamment par la hausse des prix et les difficultés
d’approvisionnement qui impacte aussi le CHU, comme toute autre institution ou entreprise. Nous
faisons au mieux pour répondre aux besoins de santé, des réunionnaise et des réunionnais.
Lionel Calenge, en cette période de crise, est-ce que le CHU recrute et embauche ?
Je vous rappelle que le CHU est le premier employeur de l’île de la Réunion et qu’il continue de
croître et de développer ses activités. Il confirme donc des besoins de recrutements réguliers dans
tous les métiers de l’hôpital, en fonction des départs et des créations de postes. Les métiers les plus
en tension et pour lesquelles nous recrutons régulièrement concernent les infirmières et infirmiers de
blocs opératoires et les infirmières et infirmiers anesthésistes, les masseuses et masseurs, les
kinésithérapeutes, orthophonistes et puéricultrices. Pour répondre plus précisément à votre
question, l’accès au CDI ou à la titularisation, se fait en général au terme de trois années
d’ancienneté, deux ans pour les métiers en tension. Je rappelle que le CHU a créé près de 400 postes
soignants depuis 3 ans, qu’il a aligné les rémunérations des contractuels soignants sur celles des
titulaires et qu’il titularise plus de 740 professionnels sur son projet social. L’activité est là, la
confiance des Réunionnais aussi, le CHU a une politique volontariste, mais il doit maîtriser son
développement. Le résultat des CHU plonge en ce moment, près de 1,5 Milliard d’€ de déficit des 32
CHU en 2023. Et au moment où cet article paraît, 20 M€ de mesures nationales 2022 ne sont toujours
pas compensées.
Lionel Calenge, le décideur et le manager que vous êtes est-il sensible à la souffrance au travail ?
La souffrance des soignants est une réalité dans bien des secteurs. L’hôpital reflète les évolutions de
toute notre société. L’évolution du rapport au travail est aujourd’hui évidente : les aspirations au
temps libre, le rapport à la hiérarchie, l’expression plus assuré de la souffrance au travail, le besoin,
renforcer d’équité, la course à la meilleure rémunération, « le zapping » professionnel sont autant
d’évolution qui sont les généralisées. Cela interpelle les managers actuels, la plupart d’une autre
génération, formée sur un modèle plus contraignant pour l’individu, qu’il soit médecin, cadre ou
directeur. Je ne partage pas du tout l’avis des pessimistes qui qui affirment, à tort que l’hôpital public
serait prétendument à la dérive. Nous gérons tous ensemble une crise sans précédent, nous faisons
face, nous répondons présents à tous les défis inédits qui s’imposent à nous.
Lionel Calenge, qu’en est-il du climat social au sein du CHU ?
Grâce à des échanges constructifs d’avec nos partenaires sociaux, mais également grâce à de très
nombreux projets portés par le CHU, dans le cadre de la politique « qualité de vie au travail », notre
projet social, le climat social sont à mon sens protégés et préservés, sanctuarisés, ais-je envie de dire.
J’ai toutefois demandé à ce qu’un plan de réduction de l’absentéisme soit présenté aux dernières
instances du CHU. Il s’agit de combiner des mesures sur les conditions de travail sur le management,
de mieux prendre en compte et charge de façon efficace, chaque service.
Avant-dernière question, Lionel Calenge, où en sont les essais cliniques au niveau du CHU ?
Le développement de la plate-forme de recherche clinique transactionnelle du CHU de la Réunion
créé sur le site Sud en 2021 a vocation à être un lieu de recherche pour accueillir les participants aux
essais cliniques et aux recherches transactionnelles, académiques et industrielles de grande ampleur.
Les postes hospitalo-universitaire sont identifiés, décrits dans le cadre d’une concertation avec
l’université de la Réunion et le CHU, dans un objectif de développement de l’université, du CHU dans
son nouveau projet d’établissement, sans oublier la valorisation des temps d’enseignement et de
recherche des PH et des paramédicaux par exemple, lors de ma rencontre récente avec Monsieur le
Ministre de la Prévention et de la Santé. François Braun. J’ai pu insister sur la nécessité
d’accompagnement de praticiens hospitaliers et sur la valence enseignement, avec le Président de la
Commission Médicale d’Etablissement, le professeur Von Théobald.
Last question but not the least, vous êtes ce que l’on peut appeler un réunionnais de souche ce qui
est assez rare et qui doit être souligné, à un aussi haut niveau de compétence et de responsabilité
assumés, en êtes-vous fier, ou fier, espérant et confiant, pour les générations réunionnaises à venir
?
Je suis toujours aussi fier de participer, en tant que réunionnais et descendant d’esclave, attaché à
mon territoire, huit ans après ma nomination à cette belle aventure de création et de développement
d’un CHU. Ici on occupe un poste, on crée quelque chose de grand, de magnifique en dépit des
difficultés du quotidien qui sont réelles pour notre population et pour la zone. La seule chose qui
compte et qui vaille c’est l’intérêt supérieur de la santé, des populations en général, de notre
population réunionnaise, en particulier, et rien d’autre, croyez-moi bien !
Bien entendu oui, le cœur de notre action restera le développement de l’offre de soins du CHU, la
sécurité, la qualité des soins en particulier par la mise en place de la greffe cardiaque, la prise en
charge des malformations cardiaques, congénitales complexes, ou encore l’avancée des travaux sur la
question de la greffe hépatique.
Lionel Calenge, vos rapports avec l’ARS n’ont pas toujours été au beau fixe ?
Les relations se sont largement décrispées, le DG d’ARS est en appui des établissements de santé du
territoire, cela change déjà beaucoup de choses, il y a de l’écoute et de la confiance. J’ai cette foi que
la qualité des hommes sera plus forte que la permanence des systèmes.
Il faut regarder l’évolution des institutions non pas à l’aune des personnes mais de catégories
économiques et stratégiques solides. Des fondamentaux. Il y a eu dans le passé des postures de pur
contrôle. Une attitude tournée vers l’appui est possible et salutaire, on le voit aujourd’hui. Vous
savez, si on regarde en arrière allez, disons depuis... 25 ans, on voit que le privé a beaucoup
développé son offre de soins. Je n’aurais pas l’aisance financière de racheter une compagnie
d’aviation si j’en avais la possibilité juridique !
Sur le CHU, la période 2016-2019 a été une période très tendue autour du plan de retour à l’équilibre
et du dossier Copermo, la vision d’alors était une vision une vision très verticale et comptable
uniquement marquée par la régulation financière. Lors de la période 2020-2022, le CHU a géré de
façon exemplaire la crise de la COVID ; c’est devenu une évidence pour le grand public.
Le CHU a besoin d’une ARS en fort appui sur les dossiers structurants du territoire et qui a une
capacité à impacter les arbitrages nationaux sur les grands dossiers hospitaliers : compensation
intégrales des mesures nationales (Ségur, gardes et travail de nuit, inflation, point d’indice),
adaptation du mode de financement des hôpitaux Réunionnais à travers l’augmentation du
coefficient géographique (dossier porté par les hôpitaux Réunionnais depuis 4 ans), mise en œuvre
du deuxième cycle des études médicales dans lequel du temps de praticien hospitalier doit être
financé. Ces dossiers, on les porte ensemble et j’espère qu’on réussira à les déverrouiller pour la
santé de notre population !
Lionel Calenge de quoi êtes-vous le plus fier ?
1. De l’attractivité du CHU et des hôpitaux Réunionnais
2. Du développement continu de l’activité et de la confiance des Réunionnais
3. De la mise en œuvre constante de nouvelles activités de soins permettant aux Réunionnais
de ne pas devoir se faire soigner en Métropole, ici on a presque tout !
4. De l’essor majestueux de l’enseignement et de la recherche
5. Du soutien à Mayotte et de la dimension OI du CHU
6. Des progrès en matière de gestion (comptes certifiés depuis 7 ans au CHU) et redressement
de la barre, malgré les insuffisances de notre modèle de financement
7. De la solidarité de notre communauté, du fait que le CHU est vraiment transversal, et qu’un
mouvement inexorable va vers à mon sens un regroupement de tous les établissements
publics à terme vers un CHU multi-sites sur tous nos territoires, même si la maturation de
cela prendra du temps !
Quand je me penche sur ces dernières années, ma plus grande fierté est d’avoir toujours dit aux gens
la vérité sur notre situation. Ça restera mon ADN professionnel. L’amour c’est dire aux gens ce qu’on
attend d’eux et la vérité sur notre situation, ce n’est pas leur dire ce qu’ils voudraient entendre.
Lionel Calenge on ne peut pas ne pas parler du Covid, de la crise qu’avez-vous à nous dire, à froid, à tiède et à chaud ?
Je retiens la solidarité des équipes, la coopération services de soins / Direction / services supports, la
gestion de cette crise par le GHT. Nous avons tiré toutes les leçons du Covid, mais en tenant compte,
aujourd’hui de la conjoncture marquée, notamment par la hausse des prix et les difficultés
d’approvisionnement qui impacte aussi le CHU, comme toute autre institution ou entreprise. Nous
faisons au mieux pour répondre aux besoins de santé, des réunionnaise et des réunionnais.
Lionel Calenge, en cette période de crise, est-ce que le CHU recrute et embauche ?
Je vous rappelle que le CHU est le premier employeur de l’île de la Réunion et qu’il continue de
croître et de développer ses activités. Il confirme donc des besoins de recrutements réguliers dans
tous les métiers de l’hôpital, en fonction des départs et des créations de postes. Les métiers les plus
en tension et pour lesquelles nous recrutons régulièrement concernent les infirmières et infirmiers de
blocs opératoires et les infirmières et infirmiers anesthésistes, les masseuses et masseurs, les
kinésithérapeutes, orthophonistes et puéricultrices. Pour répondre plus précisément à votre
question, l’accès au CDI ou à la titularisation, se fait en général au terme de trois années
d’ancienneté, deux ans pour les métiers en tension. Je rappelle que le CHU a créé près de 400 postes
soignants depuis 3 ans, qu’il a aligné les rémunérations des contractuels soignants sur celles des
titulaires et qu’il titularise plus de 740 professionnels sur son projet social. L’activité est là, la
confiance des Réunionnais aussi, le CHU a une politique volontariste, mais il doit maîtriser son
développement. Le résultat des CHU plonge en ce moment, près de 1,5 Milliard d’€ de déficit des 32
CHU en 2023. Et au moment où cet article paraît, 20 M€ de mesures nationales 2022 ne sont toujours
pas compensées.
Lionel Calenge, le décideur et le manager que vous êtes est-il sensible à la souffrance au travail ?
La souffrance des soignants est une réalité dans bien des secteurs. L’hôpital reflète les évolutions de
toute notre société. L’évolution du rapport au travail est aujourd’hui évidente : les aspirations au
temps libre, le rapport à la hiérarchie, l’expression plus assuré de la souffrance au travail, le besoin,
renforcer d’équité, la course à la meilleure rémunération, « le zapping » professionnel sont autant
d’évolution qui sont les généralisées. Cela interpelle les managers actuels, la plupart d’une autre
génération, formée sur un modèle plus contraignant pour l’individu, qu’il soit médecin, cadre ou
directeur. Je ne partage pas du tout l’avis des pessimistes qui qui affirment, à tort que l’hôpital public
serait prétendument à la dérive. Nous gérons tous ensemble une crise sans précédent, nous faisons
face, nous répondons présents à tous les défis inédits qui s’imposent à nous.
Lionel Calenge, qu’en est-il du climat social au sein du CHU ?
Grâce à des échanges constructifs d’avec nos partenaires sociaux, mais également grâce à de très
nombreux projets portés par le CHU, dans le cadre de la politique « qualité de vie au travail », notre
projet social, le climat social sont à mon sens protégés et préservés, sanctuarisés, ais-je envie de dire.
J’ai toutefois demandé à ce qu’un plan de réduction de l’absentéisme soit présenté aux dernières
instances du CHU. Il s’agit de combiner des mesures sur les conditions de travail sur le management,
de mieux prendre en compte et charge de façon efficace, chaque service.
Avant-dernière question, Lionel Calenge, où en sont les essais cliniques au niveau du CHU ?
Le développement de la plate-forme de recherche clinique transactionnelle du CHU de la Réunion
créé sur le site Sud en 2021 a vocation à être un lieu de recherche pour accueillir les participants aux
essais cliniques et aux recherches transactionnelles, académiques et industrielles de grande ampleur.
Les postes hospitalo-universitaire sont identifiés, décrits dans le cadre d’une concertation avec
l’université de la Réunion et le CHU, dans un objectif de développement de l’université, du CHU dans
son nouveau projet d’établissement, sans oublier la valorisation des temps d’enseignement et de
recherche des PH et des paramédicaux par exemple, lors de ma rencontre récente avec Monsieur le
Ministre de la Prévention et de la Santé. François Braun. J’ai pu insister sur la nécessité
d’accompagnement de praticiens hospitaliers et sur la valence enseignement, avec le Président de la
Commission Médicale d’Etablissement, le professeur Von Théobald.
Last question but not the least, vous êtes ce que l’on peut appeler un réunionnais de souche ce qui
est assez rare et qui doit être souligné, à un aussi haut niveau de compétence et de responsabilité
assumés, en êtes-vous fier, ou fier, espérant et confiant, pour les générations réunionnaises à venir
?
Je suis toujours aussi fier de participer, en tant que réunionnais et descendant d’esclave, attaché à
mon territoire, huit ans après ma nomination à cette belle aventure de création et de développement
d’un CHU. Ici on occupe un poste, on crée quelque chose de grand, de magnifique en dépit des
difficultés du quotidien qui sont réelles pour notre population et pour la zone. La seule chose qui
compte et qui vaille c’est l’intérêt supérieur de la santé, des populations en général, de notre
population réunionnaise, en particulier, et rien d’autre, croyez-moi bien !
Lionel, vous êtes :
Thé ou café ? Café, 5 chaque jour, ça résume bien l’hôpital, qui fonctionne H24, 7 jour sur 7.
Shop suey ou bol renversé ? Bol renversé car la chance finit par tourner.
Cabri massalé ou rougail saucisse ? Rougail saucisse de mon frère.
Votre rougail préféré ? Dakatine.
Sport-co ou sport individuel ? Individuel, l’arrivée dans le 30ème km révèle le marathonien !
Lève-tôt ou couche-tard ? La vie c’est le jour ET la nuit.
Pour ou contre :
La dépénalisation du cannabis ? La CBD de bonne qualité a des effets thérapeutiques...
La fin de vie assistée ? Notre vie nous appartient, jusqu’à un certain point...
Questions intimiste :
Quelle est l’odeur, le parfum de votre enfance ? L’ambre solaire, sur la plage de la Saline, proche de
la maison de mon enfance, sous le chant des filaos...
Avec qui aimeriez-vous resté(e) coincé(e) 3 heures dans un ascenseur ? Marisol Touraine
Voiture du moment ? Toyota CHR (un peu comme Centre Hospitalier Régional)
Expression créole favorite ? « Comme un goutte de l’eau sur un fèye sonz »
Expression française préférée ? « Faut pas pousser mémé dans les orties »
Animal de compagnie ? Mon chat, « garçon »
Le plus bel endroit de la Réunion ? Cilaos
Le lieu où vous passez le plus de temps ? L’hôpital c’est Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre,
Saint-Benoît, et d’autres saints encore !
Si vous rencontrez Dieu, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise ? La vérité : « tu as fait de ton mieux, sois
en paix avec toi-même. »
Votre objet fétiche que vous emmenez partout avec vous ? Mon Ipad, malheureusement
Pire cauchemar, grosse hantise ? La babouk
L’événement le plus marquant de votre vie ? L’année 1997, quand tu penses être au fond du gouffre,
créole isolé et désargenté à Paris passant des concours difficiles, en rupture sentimentale et que tu
perds ta grand-mère à distance, tu surmontes l’adversité de la dépression et découvre des ressources
uniques en toi. La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté.
Votre généalogie :
Suis un authentique descendant d’esclaves, comme beaucoup de Réunionnais. Mon ancêtre Louis
Prémont (1770 – 1818) Est racheté par Fayard Guy Maurice au prix fixé de 3000 livres et affranchi par
le même propriétaire le 20 juin 1795 à Saint-Denis. Union avec Agathe esclave Indienne originaire du
Bengale. Autorisation de son Maître Fayard pour l’épouser malgré son statut de « libre de couleur ».
Né à Saint-Denis, aimerait mourir à ...Saint-Paul.
Votre conclusion, si vous deviez en avoir une, Lionel CALENGE ?
Ici on n’occupe pas un poste, on créée un CHU et on développe sans cesse l’hospitalisation
Réunionnaise, c’est un projet passionnant et total, quand on gère plus de 9000 personnes et plus d’1
Milliard de budget.
William Shakespeare disait : Je me sens toujours heureux, savez-vous pourquoi? Parce que je
n'attends rien de personne ; attendre fait toujours mal. Les problèmes ne sont pas éternels, ils ont
toujours une solution, la seule chose qui n'a pas de remède est la mort. Ne permettez à personne de
vous insulter, de vous humilier ou de diminuer votre estime de soi. Les cris sont l'instrument des
lâches, ceux qui ne pensent pas. Nous rencontrerons toujours des gens qui nous considèrent comme
coupables de leurs problèmes, et chacun aura ce qu'il mérite. Nous devons être forts et ressusciter
des chutes que la vie nous impose, pour nous rappeler qu'après le sombre tunnel plein de solitude,
de très bonnes choses viennent.
Thé ou café ? Café, 5 chaque jour, ça résume bien l’hôpital, qui fonctionne H24, 7 jour sur 7.
Shop suey ou bol renversé ? Bol renversé car la chance finit par tourner.
Cabri massalé ou rougail saucisse ? Rougail saucisse de mon frère.
Votre rougail préféré ? Dakatine.
Sport-co ou sport individuel ? Individuel, l’arrivée dans le 30ème km révèle le marathonien !
Lève-tôt ou couche-tard ? La vie c’est le jour ET la nuit.
Pour ou contre :
La dépénalisation du cannabis ? La CBD de bonne qualité a des effets thérapeutiques...
La fin de vie assistée ? Notre vie nous appartient, jusqu’à un certain point...
Questions intimiste :
Quelle est l’odeur, le parfum de votre enfance ? L’ambre solaire, sur la plage de la Saline, proche de
la maison de mon enfance, sous le chant des filaos...
Avec qui aimeriez-vous resté(e) coincé(e) 3 heures dans un ascenseur ? Marisol Touraine
Voiture du moment ? Toyota CHR (un peu comme Centre Hospitalier Régional)
Expression créole favorite ? « Comme un goutte de l’eau sur un fèye sonz »
Expression française préférée ? « Faut pas pousser mémé dans les orties »
Animal de compagnie ? Mon chat, « garçon »
Le plus bel endroit de la Réunion ? Cilaos
Le lieu où vous passez le plus de temps ? L’hôpital c’est Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre,
Saint-Benoît, et d’autres saints encore !
Si vous rencontrez Dieu, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise ? La vérité : « tu as fait de ton mieux, sois
en paix avec toi-même. »
Votre objet fétiche que vous emmenez partout avec vous ? Mon Ipad, malheureusement
Pire cauchemar, grosse hantise ? La babouk
L’événement le plus marquant de votre vie ? L’année 1997, quand tu penses être au fond du gouffre,
créole isolé et désargenté à Paris passant des concours difficiles, en rupture sentimentale et que tu
perds ta grand-mère à distance, tu surmontes l’adversité de la dépression et découvre des ressources
uniques en toi. La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté.
Votre généalogie :
Suis un authentique descendant d’esclaves, comme beaucoup de Réunionnais. Mon ancêtre Louis
Prémont (1770 – 1818) Est racheté par Fayard Guy Maurice au prix fixé de 3000 livres et affranchi par
le même propriétaire le 20 juin 1795 à Saint-Denis. Union avec Agathe esclave Indienne originaire du
Bengale. Autorisation de son Maître Fayard pour l’épouser malgré son statut de « libre de couleur ».
Né à Saint-Denis, aimerait mourir à ...Saint-Paul.
Votre conclusion, si vous deviez en avoir une, Lionel CALENGE ?
Ici on n’occupe pas un poste, on créée un CHU et on développe sans cesse l’hospitalisation
Réunionnaise, c’est un projet passionnant et total, quand on gère plus de 9000 personnes et plus d’1
Milliard de budget.
William Shakespeare disait : Je me sens toujours heureux, savez-vous pourquoi? Parce que je
n'attends rien de personne ; attendre fait toujours mal. Les problèmes ne sont pas éternels, ils ont
toujours une solution, la seule chose qui n'a pas de remède est la mort. Ne permettez à personne de
vous insulter, de vous humilier ou de diminuer votre estime de soi. Les cris sont l'instrument des
lâches, ceux qui ne pensent pas. Nous rencontrerons toujours des gens qui nous considèrent comme
coupables de leurs problèmes, et chacun aura ce qu'il mérite. Nous devons être forts et ressusciter
des chutes que la vie nous impose, pour nous rappeler qu'après le sombre tunnel plein de solitude,
de très bonnes choses viennent.