Anabel Feri : L'humour comme vocation, le parcours inspirant d’une humoriste réunionnaise

La comédie, était-ce un rêve de toujours ou un chemin inattendu ?
 
L’envie de faire rire a toujours été présente. D’abord en famille, puis avec mes amis, le rire a toujours été une force, un moyen de désamorcer les tensions et de rendre la vie plus légère. J’ai commencé par noter des anecdotes sur mon quotidien, puis un jour, j’ai découvert qu’il existait des cours de stand-up. Ça a été une révélation : je devais raconter ces histoires devant un public.

 
En tant qu’humoriste réunionnaise, avez-vous ressenti des particularités ou des défis spécifiques dans votre parcours ?
 
Les défis sont nombreux. L'écriture, qui constitue une grande partie du métier, est un travail solitaire et souvent invisible pour le public. Ensuite, en métropole, les humoristes peuvent tester plusieurs fois leurs sketches en une soirée, affinant ainsi rapidement leur jeu et leur texte. Ici, à La Réunion, le rythme est moins soutenu, la progression plus lente et l’accès aux ressources (stages, coaching, festivals) plus limité.
L’autoproduction est un autre défi majeur. Il faut aussi gérer sa présence sur les réseaux sociaux, ce qui est devenu indispensable pour se faire connaître et progresser. Entre écriture, interprétation et création de contenu, l’humoriste porte de nombreuses casquettes.
Malgré ces difficultés, le public réunionnais a soif de rire et les scènes humoristiques se développent de plus en plus sur l'île.

 
Y a-t-il des humoristes qui vous ont influencée ou inspirée dans votre carrière ?
 
J’ai beaucoup été inspirée par Florence Foresti. J’ai aussi grandi avec les spectacles des humoristes réunionnais des années 2000 comme Thierry Jardinot, Marie Alice Sinaman et Didier Mangaye. Leurs sketchs faisaient partie de mon quotidien.

 
Pensez-vous que l’humour est un bon moyen de faire passer des messages forts ou engagés ?
 
L’humour est un outil puissant. Le rire est une réaction spontanée, naturelle et intime. Réussir à faire rire tout en portant un message, c’est le combo gagnant.

 
Comment voyez-vous l’avenir de l’humour à La Réunion ?
 
L’engouement pour le stand-up va continuer à grandir. La nouvelle génération d’humoristes a beaucoup à dire, et il est essentiel de leur offrir des espaces pour s’exprimer. Chaque maillon de la chaîne du spectacle doit jouer son rôle pour accompagner ces talents et leur permettre d’atteindre un niveau professionnel. Pourquoi ne pas faire rayonner les humoristes réunionnais sur la scène nationale ?
L’avenir du stand-up à La Réunion est prometteur, et je suis convaincue que l’humour local a encore de belles années devant lui.


Crédit photo : Bruno Dennemont