LA PRÉSENTATION DU JT NE VOUS MANQUE-T- ELLE PAS PARFOIS ?
La présentation du JT en ellemême ne me manque pas. En 13 presque 14 années, je crois que j’avais fait le tour de l’exercice à La Réunion. Mais je dois avouer que les marques d’affection des Réunionnais que je croise me touchent toujours. Quand quelqu'un vous dit que vous avez fait partie de sa vie et que vous manquez « à la maison » ou qu’une adolescente vous écrit pour vous dire qu’elle voudrait être journaliste comme vous, parce que vous êtes pour elle une « femme inspirante », forcément ça fait son petit effet. Une dame croisée à la mairie de Saint-Denis un soir d’élection m’a particulièrement émue voire bouleversée. Si jamais elle lit ces mots, je l’embrasse...
A QUOI VOUS CONSACREZ-VOUS DEPUIS VOTRE DÉPART DE L’ANTENNE ?
Je joue pleinement mon rôle de rédactrice en chef adjointe aux côtés d’Elyas Akhoun. C’est un travail d’équipe que nous réalisons avec l’ensemble des journalistes afin de proposer les meilleurs journaux possibles aux Réunionnais. En plus de cette mission au quotidien, la coordination des évènements spéciaux m’est souvent confiée. Ce sont des moments d’actualité intense. Les défis sont nombreux, l’adrénaline à son comble, j’en ressors parfois lessivée mais si souvent fière du travail réalisé par tout un collectif. Mon cri du coeur dans ces moments-là: « Nou La Fé ! ». C’est le sel de notre métier.
LE JOURNALISME POLITIQUE EST UN EXERCICE QUI VOUS PLAÎT ?
Je suis une journaliste généraliste et je le revendique. Je n’ai jamais demandé à être estampillée « journaliste politique », cela n’aurait pas un grand intérêt dans ma conception du métier. Mais je m’intéresse à tout et la passion est ce qui me caractérise. Aussi, quand je dois couvrir une actualité sociale, je le fais à fond. Idem pour le sport. Et il en va de même pour la politique. Car c’est un sport comme les autres avec ses stratégies, ses enjeux et sa soif de pouvoir ou de triomphe. La différence notoire est qu’il en va de l’avenir de toute une société. C’est précisément cela qui me plaît : suivre les tractations, analyser les stratégies des uns et des autres, voir au-delà de ce qu’on voudrait bien nous faire croire, regarder nos élus à hauteur d’homme ET de femme et leur faire comprendre que « maintenant il va falloir qu’on se dise les choses ».
COMMENT AVEZVOUS PRÉPARÉ CES PRÉSIDENTIELLES ?
C’était un marathon ! Il a fallu que je pose mes valises à Paris pour de longs mois car c’est une émission proposée par le Pôle Outre-mer de France Télévisions. Une longue période de préparation en équipe, de lectures intensives des programmes des uns et des autres, de comparaisons, d’analyses du chiffrage des projets, de visionnages de débats et d’interviews des candidats. Tout ça pour certes m’imprégner de l’essentiel de leurs mesures mais surtout étudier leurs personnalités.
QUEL EST LE CONCEPT DE CETTE ÉMISSION ?
Ce sont deux grands rendezvous par semaine: les mercredis et jeudis soirs en prime time. Deux missions pour cette émission : mettre les Outremer au coeur de la campagne présidentielle et donner la parole à la jeunesse. Les deux sont trop souvent oubliés. Les Outre-mer sont des terres d’une richesse inouïe et pourtant nous accusons des retards structurels. Toujours plus de chômage chez nous, trop d’inégalités, des statistiques inquiétantes : pourquoi ? Avec toutes ces vérités, nous ne sommes que deux lignes, au mieux un paragraphe dans les programmes des candidats: pourquoi ? Nous les mettrons face à nos vérités, nos réalités. Et puis la jeunesse. Elle est en mal de démocratie, elle dit qu’elle ne vote plus parce qu’on ne l’écoute pas. C’est pour cela qu’avec mon collègue Thierry Belmont, nous donnons la parole à cette nouvelle génération.
SELON VOUS, POURQUOI AVEZ-VOUS ÉTÉ CHOISIE POUR LA PRÉSENTATION DE CETTE ÉMISSION ?
Il y a quelques mois, j’ai reçu un coup de fil de la direction de l’information du Pôle Outremer. Nous avions évoqué plusieurs sujets et, subtilement, mon interlocuteur m’a demandé si la politique m’intéressait. J’ai compris qu’il y avait non pas un point d’interrogation mais plutôt des points de suspension à la fin de cette phrase. Pourquoi moi ? Je ne suis pas la mieux placée pour répondre à cette question. Mais j’ai cru comprendre qu’ils voulaient un peu de piment péi... J’espère simplement que je suis à la hauteur des attentes du public.
QUELLES SONT LES PRÉOCCUPATIONS DES JEUNES RÉUNIONNAIS ?
Encore plus :
Si l’on en croit les sondages, les jeunes voudraient qu’on parle d’emploi, de pouvoir d’achat et d’environnement dans cette campagne. Ce sont leurs principales préoccupations. La question de la transparence de la vie publique revient aussi beaucoup. Notre jeunesse en a marre des « affaires », elle réclame des élus exemplaires. Ils n’oublient pas non plus leur histoire et posent de vraies questions sur les réparations de l’esclavage et de la colonisation.
PLUS PERSONNELLEMENT, VOTEREZ-VOUS ?
Bien sûr que je voterai ! Le chemin pour le droit de vote a été bien trop long pour que je ne m’en serve pas aujourd’hui. Mes convictions sont profondes. Reste à savoir qui les incarne le mieux. Candidats et candidates, vous aurez 20, 40 ou 60 minutes pour convaincre !
Propos recueillis par Laetitia Parsi
Photos : France Télévisions
Propos recueillis par Laetitia Parsi
Photos : France Télévisions